Guinée-Bissau : Embalo défie la Constitution et prolonge son mandat


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Le Président bissau-guinéen, UUmaro Sissoco Embalo
Le Président bissau-guinéen, UUmaro Sissoco Embalo

En Guinée-Bissau, le mandat d’Umaro Sissoco Embalo a pris fin le 5 septembre, mais le président a annoncé qu’il resterait au pouvoir jusqu’à l’élection de novembre 2025. Une décision que l’opposition qualifie de violation de la Constitution, accentuant le climat d’illégitimité et de paralysie institutionnelle.

Le mandat présidentiel d’Umaro Sissoco Embalo a pris fin dans la nuit du 4 au 5 septembre. Pourtant, le chef de l’État bissau-guinéen refuse de céder sa place. Dans une déclaration à la presse, il a affirmé que l’expiration de son mandat ne signifiait pas pour autant la fin de son pouvoir. Il entend rester en poste jusqu’à l’élection présidentielle prévue le 23 novembre 2025.

L’opposition crie à l’illégitimité

Cette position jugée unilatérale a immédiatement suscité la colère de l’opposition. Baciro Djá, leader de la coalition API Cabas Garandi, a dénoncé une violation flagrante de la Constitution. « C’est terminé. La Constitution est claire : cinq ans, pas un jour de plus », a-t-il martelé, appelant à l’instauration d’une transition démocratique pacifique. L’opposant insiste sur le rejet de toute escalade de tensions : « Le peuple veut la paix, pas les conflits. »

La crise actuelle intervient dans un contexte politique déjà fragile. Le Parlement est dissous depuis 2023 et aucune élection législative n’a été organisée. Plusieurs figures de l’opposition, dont Domingos Simões Pereira, demeurent en exil. Dans ce climat, la décision du président accentue la paralysie des institutions et nourrit la méfiance envers un pouvoir jugé autoritaire.

Libertés civiles restreintes

Depuis un an, les manifestations sont interdites en Guinée-Bissau, privant les citoyens d’un espace d’expression politique. La liberté de la presse est également mise à mal : les journalistes des agences portugaises Lusa et RTP ont été contraints de quitter le pays. Ces restrictions renforcent l’image d’un régime de plus en plus fermé, où les contre-pouvoirs peinent à exister.

L’histoire récente de la Guinée-Bissau est ponctuée par une instabilité chronique, avec une dizaine de coups d’État en vingt ans. Le maintien contesté d’Embalo au pouvoir risque de raviver ce cycle de turbulences. Alors que l’élection présidentielle approche, les appels à une transition pacifique rappellent l’urgence d’un compromis pour éviter une nouvelle crise institutionnelle.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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