Guerre politique en Algérie : Saïd Bouteflika répond à Hicham Aboud


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Accusé de « perversion sexuelle, trafic de drogue et corruption », le frère cadet du Président Abdelaziz Bouteflika, Saïd, est sorti de son silence pour répondre à Hicham Aboud, ex-agent des services de renseignements et actuel patron de presse.

A l’approche de l’élection présidentielle en Algérie, la guerre des clans entre pro et anti-Bouteflika a pris une toute autre tournure ce lundi. Le frère cadet du Président Abdelaziz Bouteflika, Saïd, qui ne s’était pas exprimé publiquement depuis 15 ans, a rompu le silence. Il répond à la missive d’Hicham Aboud, un ancien agent des services de renseignements reconverti en patron de presse. Ce dernier a écrit une lettre à Saïd Bouteflika dans laquelle il lui demande de s’expliquer au sujet de ses pratiques sexuelles et de présumées affaires de « corruption » et de « trafic de drogue » auxquels il serait lié.

« Les accusations portées dans cette lettre sont tellement graves qu’elles ne touchent plus uniquement à ma personne, mais portent atteinte à tout un peuple qui n’accepterait pas que le frère du Président puisse avoir de tels comportements », a déclaré Saïd Bouteflika au site d’information algérien Tout sur l’Algérie (TSA) qui a publié la lettre.

« Je ne vais pas me taire et je vais porter plainte contre Hicham Aboud que j’ai jamais eu à connaître (sic) », affirme le frère du dirigeant algérien.

« Homosexualité et sadomasochisme »

Dans sa lettre, Hicham Aboud, qui affirme vouloir apporter des « dernières touches à un ouvrage littéraire » qu’il consacre à l’Algérie sous « le régime des Bouteflika », interroge Saïd Bouteflika sur ses pratiques sexuelles, notamment homosexualité et sadomasochisme. Il poursuit sur sa supposée consommation excessive d’alcool et de stupéfiant.

Hicham Aboud demande à Saïd Bouteflika de lui confirmer sa présumée relation qu’il aurait entretenu avec un diplomate lors d’un séjour en France. Il précise entre parenthèse : « je n’évoquerai pas sa nationalité dans le livre par respect à l’Algérie ».

L’auteur de la lettre souhaite que le frère du président lui fournisse les détails de sa vie sexuelle : « Je vous demande de bien vouloir me fournir quelques explications sur ce sujet et n’estimez-vous pas qu’il y a quelque exagération de la part de certains témoins qui parlent de perversion sexuelle et de sadomasochisme dont vous seriez un fervent adepte ? » interroge, avec une innocence feinte, l’ »écrivain-journaliste ».

Affaire Sonatrach, autoroute Est-Ouest…

L’ancien propriétaire des quotidiens Mon Journal et Djaridati, interdits de publication, demande ensuite des comptes à Saïd Bouteflika sur des faits de corruption dont il se serait rendu coupable. A en croire les témoignages recueillis par Hicham Aboud, le destinataire de sa lettre serait impliqué dans les scandales de l’affaire Sonatrach, de l’autoroute Est-Ouest, « et bien d’autres »…

Hicham Aboud se défend toutefois de prendre part à la guerre politique que se livrent les pro et anti-Bouteflika. Une affirmation remise en doute par de nombreux observateurs de la vie politique algérienne, comme l’affaire France 24. « Cette charge particulièrement directe ne serait pas sans lien avec la guerre que se livrent le clan du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika et celui s’opposant à sa possible candidature à la Présidentielle d’avril 2014 », écrit le média français.

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Fouâd Harit est un journaliste expérimenté qui a travaillé de nombreuses années chez Afrik.com. Son travail journalistique, marqué par une approche critique des relations internationales et des dynamiques politiques africaines, reflète son engagement dans la défense de la liberté d'expression et la lutte contre toutes les formes de discrimination.
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