Guerre des affiches à Paris


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Dans l’univers du showbiz, l’affichage publicitaire est devenu incontournable. Les artistes africains de passage dans la capitale l’ont bien compris et se livrent à une véritable guerre de l’affichage pour annoncer leurs concerts. Dans certains quartiers, les murs étouffent sous les tracts et les pubs de la communauté afro…

Par Firmin Mutoto Luemba

Si l’Afrique est une jungle, cela transparait aussi dans « le Paris des Africains ». Notamment à travers les affiches signalant les événements de la communauté afro… Dernière décade de juillet 2004. L’orchestre Zaiko Langa Langa de la République démocratique du Congo, considéré par les mélomanes comme un « patrimoine national », livre à la Plaine Saint-Denis, salle LSC, son concert dit d’aurevoir, avant de regagner Kinshasa. Un autre artiste qui devrait s’en retourner à Kin pendant la même période, Koffi Olomidé, programme lui aussi son concert d’aurevoir la veille, et dans les mêmes parages : métro Porte de la Chapelle. Du coup, c’est la guerre des communiqués et du bouche-à-oreille. Les affiches respectives entrent dans la danse. Et ceux qui sont chargés de les placarder tiennent à occuper coûte que coûte le même carré d’espace publicitaire.

« Ote-toi de là que je m’y mette! »

« Tout se joue dans la force des bras des colleurs d’affiches capables de se débarrasser de certaines ou de poser les leurs par-dessus toutes celles qui ont été collées avant », témoigne une dame exerçant dans une maison de production africaine à Paris. Abandonnés à leur (triste) sort d’artistes, de producteurs, de managers, ceux-ci s’en remettent à la loi de la jungle pour se faire connaître. Par conséquent, il en va de la force financière du producteur de l’événement, à même ou non de faire tourner l’imprimerie autant de fois que ses publicités murales auront été vandalisées.

Plusieurs murs parisiens sont ainsi pris d’assaut par les annonces de la communauté africaine. On les trouve surtout du côté de la Plaine Saint-Denis, rue du Faubourg Saint-Denis, Château-Rouge, Château d’Eau, Barbès-Rochechouart…

Les murs ont-ils des oreilles ?

A la suite des problèmes qui minent actuellement l’industrie mondiale du disque et du spectacle, la production musicale africaine est aussi malade. Alors que les grands producteurs mondiaux, les majors, fusionnent, dans un certain circuit africain, en revanche, on préfère s’entretuer, faire et défaire les intérêts et les carrières, par le biais de ces vieux murs de Paris (entre autres). Cette guerre des affiches, doublée d’un vandalisme publicitaire, est quelque peu retrograde et scandaleuse. Certains producteurs éprouvés du showbiz afro en pâtissent. Tel JIP, qui avoue son incapacité financière d’imprimer « aujourd’hui une seule affiche à l’occasion de la sortie, il y a un mois, de Ça va se savoir ?, le nouvel album d’ Aurlus Mabele », pourtant grand nom du soukouss parisien et international.

Tout en espérant l’application d’une réglementation mettant fin à cette jungle, ces murs parisiens auront-ils eu un jour des oreilles (musicales), comme l’enseigne l’adage, afin que l’Afrique et son showbiz se relèvent de la crise économique ? En attendant, la langue de Molière n’aura point fini d’avoir raison à travers cette loi proverbiale : « A bon vin, point d’enseigne! »

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