Goodbye Bafana


Lecture 3 min.
arton11516

Goodbye Bafana, le film du Danois Bille August, est sur les écrans français depuis ce mercredi. Il retrace d’après les mémoires de James Gregory, le geôlier du leader sud-africain Nelson Mandela, l’amitié improbable qui liera les deux hommes durant plus de 20 ans. Une belle leçon de tolérance et le seul intérêt de Goodbye Bafana.

Une nouvelle affectation pour un destin hors du commun. En 1968, quand James Gregory apprend qu’il sera le nouveau geôlier de Nelson Mandela à Robben Island, il est ravi de servir son pays en surveillant de près un « terroriste », l’ennemi public numéro un d’un Etat ségrégationniste. C’est avec zèle qui’il s’engage dans cette mission avec un atout de taille : il parle le xhosa, la langue du leader de l’African national congress (ANC, Congrès national africain). Goodbye Bafana est le récit de la rencontre improbable de deux hommes, un afrikaner blanc qui croit à la supériorité de la race blanche et d’un être exceptionnel qui s’est engagé dans une lutte pour l’égalité de tous en terre sud-africaine miné par l’Apartheid.

Une amitié improbable

Le film de Bille August est inspiré des mémoires de James Gregory – Le regard de l’antilope (Editions Robert Laffont) -, décédé en 2003 d’un cancer. Il se veut une démonstration de la capacité de l’être humain à évoluer dans ses convictions. Plus de deux décennies auprès de Nelson Mandela, interprété par un Dennis Haysbert qui laisse transpirer dans son jeu tout le respect qu’il éprouve pour son personnage, ne peuvent laisser indifférent. Gregory en fera l’apprentissage malgré lui. Tiraillé entre ses devoirs envers sa famille, que lui rappelle sans cesse son épouse, alias Diane Kruger, et l’intuition qu’il a du bien-fondé du combat que mène son prisonnier. Le couple atypique que forme Mandela et Gregory traverse les années et se nourrit du respect mutuel qu’éprouvent l’un pour l’autre les deux hommes.

Le réalisateur danois, en dépit d’une approche trop esthétisée, arrive tout de même à transmettre une émotion qui tient moins de sa narration que de l’objet même de celle-ci. Des gardiens de prisons dont pas un pli ne bouleverse la fluidité des uniformes, des scènes de violence réduites à leur expression métaphorique, nuisent quelque peu à la vraisemblance du récit. Un pan douloureux de l’histoire sud-africaine incarnée par l’abnégation d’un homme, Nelson Mandela. L’incapacité pour ce dernier de se rendre à l’enterrement de son fils aîné, qui se tue dans un accident de voiture, marquera à jamais Madiba, et plus tard son geôlier.

Une leçon de tolérance à réviser

Goodbye Bafana, c’est aussi en toile de fond les tractations politiques qui mèneront, après 27 ans d’emprisonnent – un record absolu pour un détenu politique-, à la libération de Nelson Mandela, le poing levé, le 11 février 1990. Il écrit alors à son maton personnel : « Aujourd’hui prennent fin les merveilleuses heures que nous avons passées ensemble pendant ces deux dernières décennies. Mais vous resterez toujours dans mes pensées ». Ces mots sont l’illustration des nombreuses leçons de tolérance et de paix que l’Afrique du Sud, à travers notamment Nelson Mandela, n’a cessé d’enseigner au monde au cours de sa douloureuse histoire. Goodbye Bafana est une nécessaire piqûre de rappel à nos esprits encore trop étriqués.

Goodbye Bafana de Bille August avec Joseph Fiennes, Dennis Haysbert et Diane Kruger

Durée : 1h 58min

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News