Ghana : quand Coronavirus et tradition entraînent un manque de place dans les morgues


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Un cadavre
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Pour limiter la propagation de la pandémie du Coronavirus, le gouvernement ghanéen a interdit les grands rassemblements. L’une des conséquences qui en découle est l’entassement des corps dans les morgues.

Depuis de nombreuses semaines, des familles attendent de récupérer les corps de leurs défunts pour les enterrer selon la tradition. Dans certaines parties du Ghana, il est fréquent que la durée des funérailles s’étende jusqu’à sept jours. Des milliers de personnes parées de rouge et de noir prennent alors part à cette cérémonie. Interrogé par CNN, le Dr Frank Baning, directeur de l’hôpital Pantang à Accra confie que les places manquent cruellement. C’est ce qui explique notamment la puanteur de corps en décomposition à l’intérieur de la morgue de l’hôpital. Ces défunts disposés dans des cercueils sont en attente depuis des semaines, d’être récupérés par leurs familles.

Une tradition séculaire qui défie les gestes barrières

Selon les déclarations du directeur de l’hôpital de Pantang : « ça devient difficile car il n’y a pas beaucoup de morgues pour conserver les corps ». Depuis que l’interdiction des rassemblements est entrée en vigueur au Ghana, les familles ont décidé de conserver les cadavres de leurs proches dans les morgues plus longtemps que d’ordinaire. Le but, retarder les inhumations jusqu’à ce qu’elles soient en mesure d’organiser des funérailles conformément à la tradition séculaire.

Et comme la culture ne s’embarrasse que très rarement des considérations liées à la géographie, même les Ghanéens de la diaspora partagent ce point de vue. Interrogé par CNN, Chris Awuyah, professeur ghanéen vivant aux USA, espère assister à l’instar de 2 000 autres personnes, aux obsèques d’un oncle décédé de causes naturelles, en février dernier. Pour lui, des funérailles en toute discrétion sont inenvisageables à moins qu’ils y soient « contraints et forcés ».

Un risque notable pour le personnel de santé

Bien qu’elles soient débordées par les cadavres qui s’entassent, les morgues ne procèdent pas encore aux enterrements de masse. Selon l’OMS, il se pourrait que cela affecte psychologiquement les familles ou les communautés. Pour le moment, seuls les enterrements qui ne rassemblent pas plus de 25 personnes sont permis. Quelques familles ont choisi de respecter cette mesure, mais pour les autres, il est préférable d’attendre la levée de cette interdiction pour enterrer leurs proches. Toutefois, cela constitue un véritable risque pour le personnel chargé de l’entretien de ces corps, notamment à cause du Coronavirus. Au Gabon, pour désengorger les morgues, la piste de l’inhumation à titre d’indigent a été envisagée. Le Ghana finira-t-il, malgré tout, par emprunter la même voie ? Rien n’est moins sûr.

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