GAMBIE: Quatre ans après l’assassinat du journaliste Deyda Hydara la presse vit toujours dans la peur


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A l’occasion de la commémoration de la mort, le 16 décembre
2004, de Deyda Hydara, cofondateur du quotidien privé « The Point »,
Reporters sans frontières exprime son écœurement face à l’impunité dont bénéficient ses assassins, rendue possible par l’obstruction et la mauvaise foi des autorités gambiennes.

« Les quelques engagements publics pris par les autorités gambiennes dans cette affaire sont des écrans de fumée qui cachent mal le mépris assumé que le président Yahya Jammeh affiche envers les journalistes. En réalité, l’objectif des assassins de Deyda Hydara était de réduire les Gambiens au silence et de les soumettre à la peur des ‘hommes du Président’. Seule la mobilisation de ceux qui ne vivent pas dans cette crainte peut faire échouer ce plan », a déclaré l’organisation.

Deyda Hydara, par ailleurs correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières en Gambie, a été tué par balles par des inconnus circulant dans un taxi, alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture, dans la soirée du 16 décembre 2004, dans un quartier périphérique de Banjul. Dans les semaines qui ont suivi l’assassinat, sur la base d’une enquête menée sur place, Reporters sans frontières avait fait part des soupçons sérieux qui pesaient sur les services de sécurité gambiens, et notamment sur un groupe semi-clandestin de partisans du chef de l’État, baptisé les « Green Boys ». Plusieurs éléments pouvaient laisser penser que Deyda Hydara avait été la cible de représailles pour faire taire les critiques acerbes que ce journaliste, ancien président de la Gambia Press Union (GPU) et doyen des professionnels du pays, adressait régulièrement au gouvernement.

L’enquête de police, promise alors par les autorités gambiennes, n’a connu aucune suite sérieuse. Le seul document officiel publié par les services de renseignements gambiens est un « rapport confidentiel », transmis à la presse en 2005, évoquant plusieurs pistes, pour la plupart absurdes, pouvant prétendument éclairer les circonstances du crime.

Depuis cette date, la plupart des témoins clés de l’affaire ont disparu,
notamment le directeur de la National Intelligence Agency (NIA) à l’époque, Daba Marenah, dont on est sans nouvelles depuis qu’il a été arrêté après avoir été mis en cause dans une tentative présumée de coup d’État.

La presse gambienne, réduite à quelques journaux privés étroitement
surveillés par le pouvoir, tente de survivre dans un climat où la moindre
incartade est sévèrement punie. Les arrestations arbitraires, les menaces et les violences policières sont désormais considérées comme routinières, dans un pays gouverné par un chef d’État qui, dans plusieurs interviews, a exprimé son mépris et sa défiance envers les médias.

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