
Au lendemain de son investiture officielle le 3 mai 2025, le Président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu la démission de son Premier ministre, Raymond Ndong Sima, qui a salué cette nouvelle étape politique en présentant ses vœux de réussite pour le mandat présidentiel. Cette démission intervient dans un contexte institutionnel profondément transformé, marqué par l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution instaurant une Ve République à forte concentration de pouvoir entre les mains du chef de l’État.
Raymond Ndong Sima, qui a accompagné la transition depuis le coup d’État d’août 2023 ayant renversé Ali Bongo, quitte la Primature alors que la fonction de Premier ministre disparaît de l’organigramme gouvernemental selon les nouvelles dispositions constitutionnelles. Le Président détient désormais l’ensemble du pouvoir exécutif. Toutefois, la Constitution prévoit la nomination d’un Vice-président du gouvernement, fonction à fort enjeu politique et administratif, à un moment où le pays doit faire face à plusieurs défis majeurs, notamment le redécoupage électoral et la réforme des partis politiques. Une concertation sur ces sujets est attendue pour le 7 mai, en préparation des élections législatives prévues en septembre et octobre.
Brice Oligui Nguema, artisan du putsch contre le régime Bongo
Brice Oligui Nguema, artisan du putsch contre le régime Bongo, a remporté l’élection présidentielle du 12 avril avec 94,85% des voix. Cette victoire écrasante a été validée par la Cour constitutionnelle sans aucun recours déposé, ce qui pose cependant des interrogations sur la transparence du processus démocratique. Le principal rival, Alain-Claude Bilie-By-Nze, n’a recueilli que 3,11% des suffrages, et les six autres candidats n’ont pas dépassé 1%. Malgré des critiques sur le déroulement de la campagne, aucune contestation formelle n’a émergé, ce qui permet au Président nouvellement élu de bénéficier d’une légitimité institutionnelle, bien que le contexte laisse entrevoir une opposition prudente ou résignée.
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L’investiture de Brice Oligui Nguema a été célébrée en grande pompe au stade d’Angondjé à Libreville, en présence d’environ 40 000 personnes et de seize chefs d’État africains. L’événement, à la fois solennel et populaire, a marqué officiellement la fin de la transition politique et le début du mandat présidentiel. Le discours du Président a mis l’accent sur une volonté de rupture avec les pratiques du passé : il s’est engagé à diversifier l’économie, à lutter contre le chômage des jeunes, à valoriser les ressources naturelles localement, et à éradiquer la corruption et l’impunité. La transformation du Gabon en une démocratie moderne et responsable est au cœur de son programme.
Un taux de chômage des jeunes qui avoisine les 40%
Sur le plan régional, la transition et l’élection ont reçu un soutien important de la part des pays voisins et des institutions africaines. Les missions d’observation de l’Union africaine, de la Francophonie, de la CEEAC et du Commonwealth ont salué la bonne tenue du scrutin et la maturité démocratique du peuple gabonais. Emmanuel Macron et Mohammed VI, malgré leurs liens avec l’ancien régime, ont aussi adressé leurs félicitations.
Mais derrière l’apparente stabilité, les défis sont colossaux. Le taux de chômage des jeunes avoisine les 40%, la dette publique pourrait atteindre 80% du PIB, et le pays doit se libérer de sa dépendance au pétrole. Le nouveau Président est attendu pour gouverner avec efficacité et transparence pour répondre à la « détresse » des Gabonais, comme il l’a reconnu lui-même. La formation prochaine d’un nouveau gouvernement, la mise en place d’une nouvelle Cour constitutionnelle en décembre, et l’organisation d’élections législatives sont considérés par les observateurs comme des tests pour la crédibilité et la solidité du régime.