France : « Les mariages forcés, vitrine de l’échec de l’intégration »


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La cour d’assises des Hauts-de-Seine a acquitté, jeudi, les parents d’une jeune française de 24 ans, d’origine malienne, accusés d’avoir obligé leur fille de se marier à son cousin, en échange de deux vaches et 150 euros. Et pour cause, la victime s’est rétractée. Axelle Kabou, sociologue de renom qui a écrit le livre « Comment l’Afrique en est arrivée là », explique à Afrik.com pourquoi les traditions africaines persistent dans une France qui a du mal à intégrer ses communautés. Eclairage.

Acquittement général dans l’affaire du mariage forcé. Coup de théâtre, jeudi, à la cour d’assises des Hauts-de-Seine. La jeune française de 24 ans, d’origine malienne, s’est finalement rétractée. Elle qui avait accusé ses parents, Kalle et Daouda Koita, de l’avoir obligée lorsqu’elle était âgée de 18 ans d’épouser son cousin du village en échange de deux vaches et 150 euros. Un mari (Mamadou) à qui elle était promise dès l’âge de 13 ans, qui la battait tout comme sa mère.

Le phénomène des mariages forcés est récurrent en Afrique. En France, c’est plutôt une marginalité. Afrik.com a cherché à savoir les causes de ce fait de société qui traverse l’Afrique pour arriver dans l’Hexagone.

Axelle Kabou, sociologue africaine de renom, estime que « le mariage forcé c’est ignoble. On doit tous être libres de choisir nos conjoints ; même si ce n’est pas si évident que ça pour les homosexuels (au vu de l’opposition à la loi pour le mariage pour tous, ndlr). Mais combien de filles sont mariées de force en France ? (Peu). Agiter la question du mariage forcé, c’est fédérer les gens autour d’un faux problème ».

Avant d’en expliquer les facteurs : « Ce problème concerne, à première vue, les modalités d’insertion, d’intégration et d’identité » de la diaspora française. Et de préciser : « Au delà de la question des mariages forcés en France, ce fait de société nous pousse à nous demander si la France est capable d’intégrer tout le monde, de toutes cultures et origines confondues, à l’instar du modèle cosmopolite américain ou alors le modèle universaliste prétentieux français en est incapable ».

Force est de constater que, « la République française est exclusive, dans le sens où elle a du mal à intégrer. Ce qui pose aujourd’hui comme problème n’est pas le droit à la différence que revendiquent, par exemple, les défenseurs du mariage forcé, le vrai problème c’est la capacité de la France à intégrer les différences pour en créer une identité commune », souligne l’écrivaine du livre « Comment l’Afrique en est arrivée là ». Et de signaler : « Tout le monde doit se sentir Français malgré ses origines mais le problème aujourd’hui c’est qu’il ne suffit pas d’avoir un passeport pour être français ».

Coutumes vs intégration

L’aveu de la jeune femme a fait l’effet d’une bombe. Elle qui se disait mariée de force, a fini par reconnaître qu’elle était consentante. A l’entendre, ce mariage arrangé selon les traditions maliennes était même « une aubaine » pour arrêter l’école et prendre sa liberté.

Et pour cause, les traditions ont la dent dure. Malgré le problème que rencontre la France à intégrer ses communautés, un des facteurs aggravant le phénomène des mariages forcés, les coutumes viennent par ailleurs expliquer pourquoi le problème s’exporte dans l’Hexagone.

« Il y a un problème au départ comme à l’arrivée. Les mariages forcés c’est dû aux filières de l’immigration, en général ethniques et financières, et aux circuits de commercialisation des femmes ainsi qu’aux mentalités. C’est-à-dire, lorsque vous quittez votre village et vous avez réussi en Occident, et si vous voulez être accepté dans votre village d’origine, vous vous devez d’épouser une femme du village, votre reconnaissance n’est pas possible si votre femme est une blanche », confie à Afrik.com Axelle Kabou.

Le problème des mariages forcés concerne toute l’Afrique, subsaharienne et maghrébine. Ainsi que les capitales européennes, comme nous venons de vous l’expliquer. Il est, cependant, moins développé en Occident au vu de l’ État de droit qui règne dans ces pays. Ainsi, si la mère de la jeune française, d’origine malienne, a été acquittée tout comme son mari pour mariage forcé, elle a quand même été condamnée pour avoir frappé sa fille.

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