Force mixte Onu-UA au Darfour : Khartoum fait marche arrière


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Le Soudan a démenti samedi avoir accepté le principe d’une force mixte Onu/Union africaine au Darfour, comme Koffi Annan l’a déclaré jeudi. Dans le même temps, l’UA a dénoncé la participation de l’armée soudanaise dans de nouvelles violences menées contre des populations civiles avec l’aide de milices.

Kofi Annan n’avait pas bien compris. Samedi, le ministre soudanais des Affaires étrangères a catégoriquement démenti que son pays avait pu accepter « le déploiement au Darfour d’une force mixte ONU-UA, comme déclaré par le secrétaire général de l’ONU après la réunion consultative à Addis-Abeba ». Le sommet sur la guerre au Darfour réunissait jeudi dernier des représentants du Conseil de sécurité de l’Onu, du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, ainsi que le ministre soudanais des Affaires Etrangères et le secrétaire général de la Ligue arabe dans la capitale éthiopienne.

Un communiqué publié à son issue indiquait qu’« une opération hybride est acceptée sur le principe, en attendant une clarification de la taille de la force. » Le document précisait que « la force de maintien de la paix aura un caractère majoritairement africain [mais] l’Onu fournira les structures de renforcement, de commandement et de contrôle ». « La désignation des responsables de haut niveau de l’opération hybride sera discutée entre les parties », avait précisé Kofi Annan.

D’accord pour un appui « technique »

Pour Lam Akol, le ministre soudanais des Affaires étrangères, son pays a simplement « accepté que les forces de l’UA poursuivent leur mission et reçoivent l’appui des unités techniques de l’ONU ». « Nous avons rejeté une proposition sur un commandement conjoint UA-ONU ainsi que sur le nombre proposé des troupes », a-t-il précisé. L’Onu aimerait ainsi voir déployés 17 000 hommes sur le terrain, contre 12 000 au Soudan, selon BBC. 7 000 soldats de l’Union africaine sont actuellement sur place à travers l’AMIS (Mission de l’UA au Soudan). Leur nombre, ainsi que leur équipement, est bien insuffisant pour couvrir la surface concernée par les violences, grande comme trois fois la France.

Selon Lam Akol, le débat sur le nombre des troupes à déployer est « prématuré ». Les violences se poursuivent pourtant au Darfour et la sonnette d’alarme n’en fini pas d’être tirée par les organisations humanitaires sur le terrain depuis trois ans. Samedi, alors que le ministre soudanais des Affaires étrangères enclenchait la marche arrière, l’UA dénonçait dans un communiqué « des attaques et des bombardements aériens sur Birmaza, dans le nord du Darfour, les 15 et 16 novembre, par les forces du gouvernement du Soudan ». Les assauts, qui ont fait « de nombreuses victimes parmi la population », ont été commis « avec la complicité de miliciens armés », selon les rapports reçus « du terrain » par l’UA.

Selon les rebelles sur place, près de 70 personnes auraient été tués alors que le pillage de bétail et l’incendie des habitations se poursuivaient dimanche. « Ces attaques, précise l’UA, constituent une violation flagrante » de l’accord de paix sur le Darfour conclu en mai à Abuja. Le Guide de la révolution libyenne Muhammar Kadhafi a de nouveau encouragé Khartoum à refuser l’intervention de forces occidentales au Soudan, celles-ci n’étant pas préoccupées par la sécurité du peuple, mais « par le pétrole » et la « recolonisation de l’Afrique ».

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