
Le RS Berkane remporte sa troisième Coupe de la CAF face au Simba SC tanzanien (3-1 au cumulé), mais sa victoire est ternie par une polémique majeure : des dirigeants marocains auraient été filmés près du vestiaire des arbitres à la mi-temps, juste avant des décisions controversées qui ont scellé le sort de la finale.
La Renaissance Sportive de Berkane a bien décroché sa troisième Coupe de la CAF en s’imposant face au Simba SC (1-1, 3-1 au cumulé), mais cette victoire est marquée par une polémique née loin des projecteurs du terrain. À la mi-temps de cette finale retour, des dirigeants du club marocain auraient été aperçus dans le vestiaire réservé aux arbitres, zone strictement interdite selon le protocole de la Confédération Africaine de Football. Cette intrusion présumée, survenue juste avant une série de décisions arbitrales controversées en seconde période, jette aujourd’hui une ombre sur le sacre berbéri.
L’incident de la mi-temps qui enflamme les réseaux
Une vidéo de quelques secondes, rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, montre effectivement des représentants du RS Berkane évoluant près de la porte du vestiaire des officiels pendant la pause. Si les images ne révèlent aucun échange direct avec l’équipe arbitrale dirigée par le Mauritanien Dahane Beida, elles suffisent à alimenter les suspicions du Simba SC. Le club tanzanien dénonce une présence « anormale et inacceptable » qu’il interprète comme une tentative d’influence sur les décisions à venir. Un dossier complet serait actuellement en préparation pour être transmis aux instances dirigeantes de la CAF.
CAF OFFICIALS IN TANZANIA AFTER SIMBA SC MATCH AGAINST BERKANE .
— Eric NDAGIJIMANA®️ (@EricNdagije250) May 26, 2025
L’arbitrage point de cristallisation
La seconde mi-temps a effectivement pris une tournure dramatique pour les locaux. À la 50ème minute, Yusuph Kagoma recevait un second carton jaune qui réduisait Simba à dix joueurs, compromettant sérieusement leurs chances de remontada. Puis, à la 73ème minute, le but égalisateur signé Steven Mukwala était annulé après intervention du VAR pour un hors-jeu jugé millimétrique par les arbitres. Ces deux décisions cruciales, survenues après l’incident présumé du vestiaire, ont attisé la colère des supporters tanzaniens, convaincus d’avoir été victimes d’une manipulation.
Du côté du Simba SC, la direction réclame l’ouverture immédiate d’une enquête officielle et n’exclut pas de déposer un recours formel. « Un titre continental ne peut pas se jouer dans un couloir« , martèlent les responsables du club, estimant que l’intégrité de la compétition a été compromise. Le RS Berkane, pour sa part, maintient un silence relatif sur l’affaire, se contentant d’affirmer que « le protocole CAF autorise les délégués des clubs à échanger avec le commissaire de match » – une justification que contestent fermement les règlements disciplinaires en vigueur.
Quant à la CAF, l’instance dirigeante n’a pour l’heure publié aucun communiqué officiel. Toutefois, selon plusieurs sources internes, un rapport d’incident aurait bien été transmis au département d’arbitrage et une enquête préliminaire serait en cours. Cette discrétion institutionnelle ne fait qu’alimenter les spéculations et renforcer le sentiment d’opacité qui entoure déjà trop souvent les compétitions africaines.
Des sanctions potentiellement lourdes en perspective
Si les accusations venaient à être confirmées, les conséquences pourraient s’avérer particulièrement sévères pour le club marocain. L’article 24 du règlement disciplinaire de la CAF prévoit des amendes pouvant atteindre 50 000 dollars américains pour intrusion non autorisée, assorties de suspensions pour les dirigeants impliqués. Plus grave encore, si une collusion avec les officiels était établie, le match pourrait théoriquement être rejoué ou le résultat modifié, ouvrant la voie à des sanctions sportives majeures incluant une possible disqualification.
Cette nouvelle controverse s’inscrit dans une série d’épisodes délicats impliquant le RS Berkane. En avril 2024, le club avait déjà bénéficié d’un forfait sur tapis vert face à l’USM Alger, après la confiscation de maillots arborant la carte du Maroc incluant le Sahara occidental. Cet incident avait provoqué un tollé politique et diplomatique en Afrique du Nord, illustrant combien le sport et la géopolitique s’entremêlent parfois dangereusement sur le continent.
Tant que la CAF n’aura pas mené son enquête à son terme et communiqué clairement sur ses conclusions, le trophée soulevé par Berkane restera entaché de suspicions.