Fespam 2011 : un scénario raté


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Le drame aurait-il pu être évité ? C’est une question que beaucoup se sont posé à l’annonce du bilan de 7 morts et d’une trentaine de blessés lors des cérémonies avortées du 8e Festival Panafricain de Musique de Brazzaville.

Sept morts. Le Festival Panafricain de Musique et le Congo sont en deuil. Le stade Félix Eboué, situé à l’entrée de la ville, et à la limite du quartier populaire Poto-Poto, était décrit comme « un lieu privilégié car berceau de la culture congolaise », par le ministre de la Culture. Il a malheureusement été le théâtre du drame qui a secoué tout le pays. Le stade Massamba Débat, situé dans le quartier de Bacongo est beaucoup plus grand et aurait pu accueillir davantage de monde. Mais cela aurait-il pu néanmoins éviter un tel désastre ?

La réponse est évidente. Comment un Fespam tel que celui-ci n’aurait-il pas drainé la ville entière ? Avec des invités aussi attendus que, Passi, Werrason, Fally Ipupa, Youssoupha, le groupe Adorons l’Eternel, Roga Roga, des délégations venues de toute l’Afrique, du Brésil et la crème des crèmes Youssou Ndour, il fallait s’attendre à un débordement.
Faille au niveau de la sécurité, disent les uns, problème d’organisation renchérissent les autres. Dans tous les cas, la sécurité fait partie intégrante de l’organisation. Cinq sites étaient prévus pour ce Fespam mais celui du stade Félix Eboué est celui qui accueillait les artistes les plus prestigieux.

Le producteur et animateur radio algérien Ryad Aberkane était déjà présent au Fespam 2009. Selon lui, prévoir cinq sites à Brazzaville est insuffisant car « tout le monde veut participer ». Il propose la formation d’autres sites à Pointe-Noire, capitale économique du Congo.
Quant à l’épineuse question liée à l’organisation, Ryad Aberkane, également consultant auprès du ministre de la Culture algérien pour le Panaf, évoque un problème au niveau logistique. «Ou il est question de négligence, d’incompétence ou d’un manque de considération ». « Lorsqu’il y a un dysfonctionnement au niveau de l’hôtellerie, du transport, ou la restauration, comment un artiste peut-il donner le meilleur de lui-même. Et par ailleurs cela donne une mauvaise image du pays. »
Ce consultant reconnait que le Fespam est devenu incontournable car il constitue un véritable tremplin local pour les artistes.

Une rose pour mémoire

La décision politique d’arrêter le festival est-elle responsable, sentimentale, ou sécuritaire ? Il est regrettable que trois milliards de frcs CFA de budget se soldent par des morts, des blessés et un arrêt total de l’événement. Il faut noter que de nombreuses délégations étrangères et près d’une soixantaine d’artistes étaient dans la capitale brazzavilloise pour ce Fespam 2011. Inutile de préciser l’impact économique pour de nombreux commerçants, hôteliers, restaurateurs et chauffeurs de taxi qui réalisent en grande partie leur chiffre d’affaire lors de cet événement culturel majeur.

N’aurait-il pas fallu arrêter une journée puis reprendre le lendemain, justement en mémoire de ces victimes, mortes pour la musique ? Pourquoi ne pas avoir profité du drame pour poser les vraies questions liées à la sécurité des personnes, donc à l’organisation ? Quel budget a été alloué pour cette occasion ? Comment a-t-il été géré ? Pourquoi ne pas avoir prévu des écrans géants dans toute la ville pour éviter une telle affluence ? Toutes ces interrogations s’entrechoquent dans l’esprit des uns et des autres.

Youssou Ndour, parrain du Festival, et Amobe Mevegué sont pour une « privatisation » du Fespam. Certains artistes encore perplexes se préparent à tourner un clip pour les victimes. Le titre de cette chanson funeste : « Une rose pour mémoire ». A se demander ce que vient faire la rose dans cette histoire.

Par Inès Loungoulah

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