FESPACO 2015 : Rencontre avec Dak Jean Gustave Sorgho, comédien burkinabè


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Le FESPACO, lieu de rencontres, d’échanges, de découvertes, est un rendez à ne pas rater pour nombre d’artistes, d’hommes de culture et de citoyens lambda. C’est le cas notamment de Dak Jean Gustave Sorgho, un comédien burkinabè, acteur depuis 1978, connu du public au Burkina Faso comme à l’international, rencontré lors de cette 24e édition du Festival. Il revient avec AFRIK.COM sur son parcours et donne sa vision du cinéma africain.

Il fait partie des comédiens qui ont attiré l’attention du public lors de cette 24e édition du FESPACO, notamment les Burkinabè qui habituellement le voient sur le petit écran et qui ont sauté sur l’occasion de le voir en chair et os. AFRIK.COM a accroché Dak Jean Gustave Sorgho. Entretien.

Afrik.com: Comment êtes-vous venu dans le cinéma ?

Dak Jean Gustave Sorgho : C’est très simple ! Pour être venu depuis les années 1968/1969 voir les films au FESPACO, j’ai eu la chance d’être coopté par Sembène Ousmane. Et comme mes parents avaient aussi fait le Sénégal, c’était une belle occasion pour Sembène Ousmane de faire un tour à la maison, histoire d’échanger un peu. Je me rappelle, avec ma maman, ils parlaient le wolof (langue nationale du Sénégal) et puis c’est parti comme ça. C’est ce qui a signé mes début dans le cinéma. Je suis dans le monde du cinéma depuis 1974. Déjà à l’école, je participais beaucoup aux activités culturelles. Lorsque je suis arrivé dans le secondaire, j’ai poursuivi dans cette direction. Et cela a été ainsi durant tout le reste de ma carrière, notamment en étant enseignant et employé de banque. Oui, je suis resté comédien, formé dans le tas certes, mais avec cet amour pour cet art. Pour vous dire que je n’ai jamais fait d’école de cinéma, mais l’amour que j’ai pour ce métier m’a poussé à aller jusqu’au bout de ma passion.

Afrik.com : Pouvez-vous nous citer des films dans lesquels vous avez joué ?

Dak Jean Gustave Sorgho : Je commence par le plus récent, « Tom » de Tahirou Tasséré Ouedraogo. Il y a aussi « A vendre » de madame Bambara Smokey. Au niveau des séries, j’ai joué dans « Le testament » d’Apolline Ouedraogo, « Commissariat de Tampy » de Missa Hebie, aussi dans « Une femme pas comme les autres » de Dao Abdoulaye. Il y en a beaucoup d’autres. Mais je dirais que les films qui m’ont marqué sont ceux de Sembène Ousmane, notamment « Camp de Thiaroye » et « Moolaadé ». Je signale que « Le courage des autres » est le tout premier long métrage dans lequel Jai évolué, dans les années 1978/1980

Afrik.com : Pourquoi ces films vous ont-ils marqué ?

Dak Jean Gustave Sorgho : La bonne explication est que mes parents ayant fait Dakar. Mon papa était militaire et lorsque qu’il y a eu le massacre au Camp de Thiaroye a été massacré, il servait dans ce camp militaire. Ce qui lui a permis d’échapper à ce massacre, mon père avait une permission ce jour. Il devait se rendre à un baptême. Voilà comment il a échappé au massacre et n’y a même pas assisté. Par contre, ma maman qui était au sein de camp a vécu ce massacre. Donc, l’un dans l’autre, le film « Camp de Thiaroye » est un peu l’héritage de mon papa parce qu’il était ancien combattant. D’ailleurs, je signale que le premier Président militaire de l’époque au Burkina Faso c’était Sangoulé Lamizana, qui était l’ami de mon papa. Les relations entre ce Président et Sembène Ousmane sont des faits qui m’ont marqué durant ma jeunesse.

Afrik.com : Quel regard portez-vous sur le cinéma africain en général, celui burkinabè en particulier ?

Dak Jean Gustave Sorgho : Le cinéma africain fait son chemin. Moi, je parle du cinéma dans sa globalité, il y a pas de cinéma africain ni européen : c’est le cinéma. De toutes les façons, c’est sur support visuel, les ressentis peuvent ne pas être les mêmes, parce que ce n’est pas la même culture, la façon de voir les choses. La magie du cinéma fait que je me remémore, je reviens encore à l’histoire de ce que nous avons vécu en Afrique et ce que nos parents on vécu. (les soirs au clair de lune, on racontait le passé aux générations futures). Je pense que le cinéma est a l’image des soirées au clair de lune, autour d’un feu de bois pour pourvoir enseigner les uns et les autres.

Afrik.com : Si on vous demandait de définir le FESPACO ?

Dak Jean Gustave Sorgho : Le FESPACO c’est de promouvoir le cinéma africain, c’est aider les cinéastes africains, les comédiens, tout ce gotha, pour qu’ils puissent en faire une industrie. On produit, mais il n’y a pas de distribution en tant que telle. C’est vrai qu’il y a eu un moment de gloire, mais je pense surtout avec l’intégration du numérique, il faut tout faire pour en profiter et réaliser des œuvres de belle qualité, dans l’unique but de parvenir à faire briller le cinéma. Parce que quoiqu’on dise, un peuple c’est la culture.

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