Femmes afrodescendantes et leadership en Amérique Latine


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Matile Ribeiro Ministre bresilienne

Le 16 février, La Consulta Interagencial sobre Raza en América latina (Consultation Inter Agence sur la race en Amérique Latine) a organisé un déjeuner privé lors du Dialogue Interamericain avec la Députée Epsy Campbell du Costa Rica.

Récemment élue présidente de son parti, Partido Acción Ciudadana (PAC, Parti Action Citoyenne), la Députée Epsy Campbell a évoqué l’impact des femmes afrodescendantes leaders en Amérique Latine. Des représentantes de Organización Negra Centroamericana (ONECA) et de Conferencia del Liderazgo de Mujeres de las Américas (Conférence des Femmes Leaders des Amériques) étaient également présentes.

La complexité du croisement entre la race et le genre dans les démocraties émergentes et la question des moyens avec lesquelles les femmes afrodescendantes affrontent ces défis ont constitué l’élément central du débat.

Campbell a commencé par dire qu’il est fondamental de comprendre que les sociétés globales considèrent le racisme comme un problème structurel. La population afrodescendante est très souvent considérée comme une minorité, alors qu’elle constitue la majorité de la population dans beaucoup d’endroits de la région. Le terme minorité a été utilisé comme un outil politique beaucoup plus que comme une description démographique.

Parlant des femmes afrodescendantes sur le marché du travail, Campbell a indiqué qu’elles occupent les postes à plus bas salaires et historiquement, elles se sont incorporées à la main d’œuvre à un âge peu élevé. Cependant, cette tendance à faire partie très vite du marché du travail a eu trois impacts positifs

 Les femmes afrodescendantes sont souvent économiquement indépendantes de leurs maris;

 habituellement, les hommes en Amérique Latine considèrent qu’il est plus difficile de dominer les femmes afrodescendantes car elles sont autonomes; et

 ces femmes ont tendance à mettre fin à des relations abusives plus facilement, car elles sont moins dépendantes de leur partenaire masculin. Comme exemple, Campbell a observé que les femmes afrodescendantes étaient le premier groupe à voyager aux États-Unis pour chercher de meilleures opportunités d’emploi lorsque les migrations en Amérique Centrale augmentèrent dans les années 70.

Évoquant le leadership politique, Campbell a indiqué que l’un des obstacles permanents pour les femmes est le fait que les structures politiques ont été élaborées pour les hommes. Même si les femmes ont désormais le droit légal de participer, la réalité de l’exclusion et de la discrimination reste présente. Il y a moins de 40 femmes afrodescendantes dans la politique au niveau national dans toute l’Amérique Latine, et 26 de ses femmes se trouvent au Brésil. Cela ne représente même pas 1% de la population.

Il y a quatre défis fondamentaux pour le chemininement politique futur des femmes afrodescendantes. Premièrement, les femmes noires doivent gagner l’espace en tant que fonctionnaires élues. La difficulté ici serésume au dégoût qu’éprouvent les femmes leaders à rentrer dans la politique, car elles la perçoivent comme étant un monde corrompu ou requérant également de nombreux compromis. Deuxièmement, les femmes afrodescendantes doivent gagner des places importantes dans les partis politiques. Les partis politiques continuent d’être la base des processus de construction démocratique et politique, et par conséquent, initier la participation des femmes noires requérerait un appui politique fondamental très fort des partis politiques.- Troisièmement, les femmes afrodescendantes devront atteindre ces objectifs à l’intérieur des systèmes politiques émergents dans lesquels des secteurs de la population sont exclus ou marginalisés. – Enfin, les femmes afrodescendantes devront travailler beaucoup plus fort que les hommes politiques en élaborant leur propre agenda sur la race et le genre tout en appuyant l’agenda national. Les femmes afrodescendantes ne peuvent pas être considérées comme des concurrents politiques sérieux, à moins qu’elles entrent dans l’arène politique, économique, dans le monde des affaires, ainsi que dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

C’est tout juste si comme au niveau national, le genre et la race sont des thèmes fondamentaux au niveau local.

Au Costa Rica, les maires désignent deux maires-adjoints, et selon la législation actuelle,

l’un d’eux doit être une femme. Prenant son propre parti en exemple, la Députée Campbell a observé qu’au PAC,

il existe une parité homme – femme (50/50) à tous les niveaux structurels du parti.

Les femmes sont souvent plus identifiables par le public que les hommes. Malheureusement, il n y a toujours que deux femmes afrodescendantes dans le parti, dit-elle.

C’est de la même façon que les femmes afrodescendantes occupent l’espace dans le leadership politique qu’elles servent de modèles et deviennent une référence pour les autres.

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