Eugène Ekéké (deuxième partie) : « L’Algérie a un gros potentiel et elle va rebondir »


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Eugène Ekéké, champion d'Afrique 88 au Maroc
Eugène Ekéké, champion d'Afrique 88 au Maroc

Coordinateur adjoint du site de la CAF à Bonanjo, l’ancien international camerounais Eugène Ekéké se méfie de l’Algérie, qui doit affronter le Cameroun, lors des barrages de la Coupe du monde Qatar 2022, au mois de mars prochain. Il estime que l’élimination précoce de l’Algérie à la 33ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations était juste un accident et reste persuadé que les Fennecs vont rebondir, car leur équipe dispose d’un gros potentiel.

Entretien de notre Envoyé spécial au Cameroun,

L’Algérie, qui est partie frustrée de cette CAN, retrouvera le Cameroun lors des barrages de la Coupe du monde et l’Égypte de Mohamed Salah le Sénégal de Sadio Mané. Quelle lecture faites-vous de ces deux matchs ?

Je dirais que la CAN a présagé cela. On a eu de grands matchs à Douala. Il y a eu Algérie / Côte d’Ivoire ou encore Égypte / Côte d’Ivoire. Si on prend cette rencontre, c’était l’affiche de la finale de 2006. On peut alors dire qu’on a été gâté. Je pense que pour le dernier tour les dés sont jetés. Les grands sont là, ce sont des combats de géants. Même après cette CAN, personne ne peut dire, avec beaucoup suffisance, qu’il va se qualifier. Pour revenir à votre question, ça sera un grand match pour le Cameroun, car l’Algérie, qui est passée à côté de cette CAN, va faire son autocritique. Elle va rebondir, surtout après son record de 35 matchs sans défaite. L’Algérie à un gros potentiel.

Quels sont les joueurs qui vous ont le plus impressionné dans cette Coupe d’Afrique des Nations 2022 ?

Ce sont les équipes qui m’ont impressionné, plus que les joueurs. Quand on voit Riyad Mahrez, il n’a pas su sortir l’Algérie de la situation difficile dans cette compétition. Sadio Mané pour le moment, l’attaque sénégalaise n’est pas tout feu tout flamme. Mohamed Salah, il est beaucoup plus leader d’une équipe sur le plan mental, il rassure. Le joueur qui porte l’équipe de par sa technique, ce n’est pas le Salah qu’on voit à Liverpool. J’ai aimé certaines individualités ivoiriennes. La Côte d’Ivoire marchait sur l’Algérie et on avait l’impression que c’était des seniors qui jouaient contre des juniors. Ils ont été très bons. Malheureusement, les promesses ne se sont pas confirmées devant l’Égypte.

Ce sont des équipes comme la Guinée Equatoriale qui m’ont séduit de par leur football. Elle était très joueuse. Autrement dit, c’est le travail de quelques années, et arriver jusqu’en quarts de finale, chapeau, chapeau… Les Comores m’ont sidéré. Vous vous rendez-compte, les Comores à 10 à 11 et 5 minutes de la fin du match, ils n’ont pas abdiqué devant le Cameroun, même avec un gardien qui n’est pas de métier. Ils ont joué et sans balancer les ballons, même dans leur 18 mètres. Ils sortaient un beau football et il a fallu un grand Onana dans les buts du Cameroun. Ils ont une bonne maîtrise collective.

L’attaque camerounaise est tout feu tout flamme avec Vincent Aboubakar et Karl Toko-Ekambi, qui occupent la tête du classement des meilleurs buteurs de cette compétition…

Oui, je pense que là, ce sont les bonnes surprises. C’est vrai que ce sont des joueurs talentueux, mais personne ne les attendait à ce niveau. Qu’ils trouvent un tel niveau de jeu est une bonne chose. À eux deux, ils comptabilisent 11 buts et ils sont en confiance. On le voit dans leur jeu. Ce sont les atouts énormes et importants dont le Cameroun dispose. Tant mieux pour nous, comme défensivement, on n’est pas le Sénégal. Une équipe qui, avant les quarts de finale, était à zéro but encaissé.

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Que dévient aujourd’hui Eugène Ekéké, car nous constatons, avec beaucoup de désolation, que certains anciens internationaux vivent dans des situations précaires ?

C’est vrai que les fortunes sont diverses. En ce qui me concerne, j’étais d’abord étudiant. Après le Bac, j’ai fait Sciences Economiques, avant de changer parce que je voulais être expert-comptable. Je sis allé dans les finances, en passant un DET option finances-comptabilité. J’étais passionné par la comptabilité et la gestion. Pendant que j’étais en France, j’ai passé un diplôme d’entraîneur. À un moment donné, j’ai arrêté les études, parce que je ne pouvais pas allier les études de haut niveau et le sport de haut niveau. J’ai choisi le football de haut niveau.

À Valenciennes où j’ai terminé ma carrière en tant que footballeur professionnel, j’ai été dans l’encadrement et j’étais pratiquement comme le Directeur technique. Je suis spécialiste de la formation. Je me suis formé là-bas en tant qu’entraîneur. J’ai été la vice-présidence de la FECAFOOT, lors du comité exécutif provisoire. Sinon, je suis resté dans l’encadrement et la formation. J’ai une école de football qui se nomme Ekéké Académie. Mais, sachant qu’un entraîneur ne vit pas que de football, je suis aussi dans les affaires.

Avec l’élection de Samuel Eto’o fils à la tête de la FECAFOOT, on peut dire qu’on a rendu à César ce qui appartient à César, c’est-à-dire la gestion du football aux footballeurs ?

D’abord, c’est une bonne choise qu’après sa campagne Samuel Eto’o se soit approché des anciens joueurs. Il s’est approché et ce qui fait qu’il a compris qu’il avait besoin aussi des autres. Sa victoire est saluée par le peuple camerounais et aussi par les footballeurs. Il y a beaucoup d’espoir, beaucoup d’attente au-delà du football, qui a connu plusieurs crises.

C’est vrai que le Cameroun a connu plusieurs crises au sein de son football ces dernières années…

La crise n’est pas seulement administrative ou politique, mais elle est aussi technique. Ça fait longtemps qu’on ne voit plus les clubs camerounais dans les compétitions africaines. Elles sont généralement éliminées au 1er ou 2ème tour. En plus de cela, les stades sont vides, il y a tout à repenser. Le Coton Sport est aujourd’hui l’arbre qui cache la forêt, puisqu’il arrive à se hisser dans une phase de poules d’une compétition africaine.

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