Etudiant, quelle vie de chien !


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Le mercredi 17 mars dernier, au sein de l’Université nationale du Bénin (UNB), un étudiant tombait d’un bus bondé du campus et se faisait écraser par celui-ci. Ce drame a relancé les revendications des étudiants, pour travailler dans des meilleures conditions.

Les conditions de travail des étudiants béninois sont déplorables. La mort du jeune Jérémie, étudiant en troisième année sur le campus d’Abomey-Calavi (à la lisière de Cotonou) l’a tristement révélé. Mercredi dernier, vers les 19 h, le jeune étudiant tombe d’un bus rempli et se fait écraser par le même véhicule. Aussitôt, tous les étudiants de l’UNB (Université nationale du Bénin) décrétaient 72 heures de grève, et dénonçaient les mauvaises conditions de travail dans lesquelles ils évoluent.

Le constat est criant à l’UNB. Pour les 20 000 étudiants que compte le campus, une bonne moitié utilise quotidiennement les neufs bus dont il est doté. Ce moyen de transport leur coûte pour un trajet, le modique tarif de 25 F CFA. Mais les horaires de départ sont très espacés et très infimes : 6h, 7h30 et 9h, avec seulement quatre à cinq bus à chaque départ. Idem pour le retour : 13h, 16h, 19h.

170 dans des bus de 50 places

Un autre problème relève de l’état des bus, dont les étudiants estiment qu’ils devraient être déclarés « hors service ». Souvent, rappelle l’un d’entre eux, ils  » tombent en panne en plein trajet et vous devez vous débrouiller pour continuer « . Quand on lui demande comment il s’arrange dans ces cas, le jeune homme montre ses pieds. Dans tous les cas, précisent deux filles abattues, « quand ces pannes interviennent en plein partiel, les retardataires sont à chaque fois sanctionnés par une note zéro et les enseignants restent toujours sourds à leur plainte ou aux preuves apportées ». Avant d’ajouter que ces bus comportent « 50 à 72 places, alors que nous sommes quotidiennement 170 dedans à chaque fois ».

Autre problème qui relève de la carence de l’institution sur le campus d’Abomey-Calavi : les salles de classe. Leur quasi-inexistence entraîne des effectifs pléthoriques dont les trois amphithéâtres sont victimes. Le plus grand, d’une contenance de 500 étudiants, en accueille plus de 1 000 à chaque cours. Caroline, une ancienne étudiante, rappelle les conséquences de cette surcharge des amphis. « Il y a deux ans, quand j’y étais, les allées étaient toujours bondées de monde et nombre d’étudiants suivaient les cours derrière les fenêtres. » Et Rodolphe Ségnanka, en troisième année de philosophie et Président des étudiants, d’ajouter que « les gens se serrent souvent à trois par place ».

Etudier le ventre vide

Au niveau de la restauration, « bien des choses restent à faire », précise-t-on. Il y a deux salles et la plus grande comporte 250 places. « Il faut souvent faire une heure de queue », insiste Rodolphe Ségnanka, car les moyens utilisés pour préparer « sont rudimentaires, avec des foyers, des feux de bois ». Souvent, au bout d’une demi-heure d’attente, il faut se rendre à l’évidence : « la nourriture est terminée et il faut défaire le rang le ventre vide », lance René, un nouveau venu en sciences économiques.

Pour l’heure, Rodolphe Ségnanka rappelle les revendications des étudiants : l’augmentation du nombre de bus, l’ouverture de la résidence universitaire sise dans l’enceinte, les conditions de restauration…. Mais, ajoute-t-il, le « ministère nous doit sept mois d’arriérés de bourse et notre sit-in devant le bureau du recteur M. Alidou n’a encore rien donné ». Qu’importe, il ne baissera pas les bras. La chance qu’il soit entendu est encore mince car, lui-même le reconnaît : « le ministre de l’Education, Kémoko Bagna, n’écoute pas les étudiants ».

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