Etre handicapé en Afrique


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Drapeau de la Somalie
Drapeau de la Somalie

La rédaction d’Afrik.com traitera, tout au long de cette semaine, de la condition des handicapés en Afrique. Cette série a été réalisée en collaboration avec Handicap International.

SOMALILAND, pays oublié des dieux et des hommes

Dur, dur d’être handicapé au Somaliland. Ce pays, autoproclamé indépendant mais non reconnu, souffre de pauvreté. Ses citoyens diminués physiquement se battent pour survivre et s’intégrer. Un combat pour la vie.

 » Ce que la nature a préservé, la guerre l’a estropié « , s’irrite Ahmed, condamné à ne pas quitter son fauteuil. Il a été victime d’un obus lors d’un des nombreux conflits que connaît la région. Pourtant, Ahmed passe pour un favorisé. Les fauteuils roulants sont un luxe au Somaliland. Depuis 1992, Handicap international a pris en charge 6 000 personnes handicapées,  » principalement des personnes avec des séquelles de poliomyélite, de traumatismes physiques divers (fractures, brûlures, …) et des enfants avec des retards de développement physique ou mental « , explique Florence Thune, responsable du programme Somaliland.

Mines, fauteuils et mobilité

Le Somaliland est une région de la Somalie qui s’est autoproclamée indépendante depuis maintenant dix ans mais qui n’est pas reconnue sur le plan international. Le pays sort d’une longue période de troubles et de conflits.  » 10% des patients sont amputés, victimes de mines : ils viennent au centre pour des traitements de kinésithérapie. Ils sont pris en charge pour leur prothèse par une autre structure somalilandaise soutenue par la Croix Rouge norvégienne « , poursuit Florence Thune. Les besoins du Somaliland sont immenses dans tous les domaines. Le budget annuel de Handicap international s’élève pour ce pays à 3, 2 millions de francs.

 » C’est ma famille qui subvient à mes besoins. Elle est, elle-même, très pauvre. Mes parents sont fortement touchés par la chute du prix de la viande. Je suis une grande charge pour eux « , témoigne dans la douleur Hamadi, autre estropié de guerre, fils d’agriculteurs. Les Somalilandais, déjà appauvris par les guerres, souffrent de la non-reconnaissance de leur pays.  » Un embargo sur l’exportation de bétail, principale source de revenus pour le pays, est actuellement imposé par l’Arabie Saoudite, principal importateur. Cet embargo peut avoir des conséquences économiques qui pourraient entraver certains développements actuels « , commente Florence Thune.

Larmes d’espoir

Manque de personnel qualifié.  » Nos infrastructures et nos moyens sont rudimentaires. Si l’aide internationale venait à s’arrêter, nous serons obligés de fermer les hôpitaux. Il n’y a pas beaucoup de médecins et d’infirmiers diplômés « , s’inquiète Biyaka, infirmier-chef nouvellement diplômé. Handicap international forme des appareilleurs, des kinésithérapeutes et des psycho-moticiens sur place et a envoyé deux spécialistes en Tanzanie pour perfectionnement. L’angoisse de Florence Thune ?  » Le manque de financement. Il peut parfois être un obstacle lorsque les principaux financeurs jugent que le pays concerné n’est plus sous les feux de l’urgence et de l’actualité, et donc réduisent leurs fonds « .

Plus directe, elle juge que si l’aide internationale venait à s’assécher, les handicapés  » feraient certainement face à plus de problèmes d’intégration sociale, dans la mesure où leur mobilité serait plus réduite (sans soins spécifiques ou appareillage), et d’intégration socioprofessionnelle (vu la difficulté d’être intégré à l’école ou en centre de formation pour un enfant handicapé). Seules les personnes les plus aisées seraient à même d’acheter à l’étranger un fauteuil roulant ou des aides de marche ou voire même d’être admises dans un centre de la rééducation « .

Hamadi raconte ses guerres, son accident en marchant sur une mine. Il raconte que ses enfants ne connaîtront jamais plus ça. C’est son engagement.

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