Ethiopie : la presse écrite s’ouvre à la location


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Les Ethiopiens qui n’avaient pas les moyens de s’offrir un journal ont trouvé la parade. Dans la capitale Addis Abeba, ils peuvent parcourir un quotidien pendant vingt à trente minutes sans se ruiner.

L’information se loue désormais en Ethiopie. Garum Tesfaye est l’un de ces entrepreneurs qui propose la location de journaux à ceux qui ne peuvent pas se les offrir, rapporte CNN qui a diffusé ce mardi un reportage . A titre d’exemple, louer un journal coûte 6 centimes de birr au lecteur (moins d’un cent de dollars), contre 50 birr (35 cents) pour son achat.

Une excellente affaire pour Garum Tesfaye. « Avec vingt lecteurs, le même exemplaire peut rapporter jusqu’à deux fois son prix en kiosque », explique-t-il, sans compter les extras si le lecteur dépasse son temps de lecture. L’entrepreneur surveille attentivement ses clients afin qu’ils le respectent ou qu’ils ne disparaissent pas avec le journal.

Dans ce système, les grands gagnants sont les diplômés sans emplois. A la recherche de travail, ils ne lisent généralement qu’une partie des journaux. D’ailleurs, Garum Tesfaye observe que « la plupart de ses lecteurs se concentrent sur des faits occasionnels plutôt que sur des informations régulières ». Le taux de chômage dans ce pays de plus de 83 millions d’habitants était de 20,5% en 2009, selon les données de la Banque Mondiale

Une menace pour les titres privés

Les propriétaires de journaux privés sont, eux, moins ravis. « Pour les lecteurs habitués, c’est une bonne chose. Pour les maisons de presse, ça l’est moins », estime Dawit Kebede, propriétaire de l’hebdomadaire amharique Awramba Time. « Chaque journal qui est loué au lieu d’être vendu représente un challenge supplémentaire pour ceux qui tentent de survivre dans le difficile environnement des médias éthiopiens, dominé par les publications publiques», ajoute-t-il. La liberté de la presse est effective dans le pays depuis 1992. Selon CNN, le pays compterait à peine 24 titres, l’un des plus bas chiffres sur le continent.

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