Ethiopie : Deux journalistes suédois et trois éthiopiens inculpés de « terrorisme »


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Reporters sans frontières dénonce l’inculpation pour « activités terroristes », annoncée le 7 septembre 2011 par le porte-parole du gouvernement éthiopien, Shimeles Kemal, des journalistes suédois Johan Persson et Martin Schibbye, de l’agence Kontinent. Les deux hommes ont comparu devant la justice le 6 septembre 2011. Le même jour,Woubeshet Taye, directeur adjoint de l’hebdomadaire Awramba Times, et Reyot Alemu, éditorialiste pour l’hebdomadaire en langue amharique Fitih, ont eux aussi été formellement accusés en vertu de la loi anti-terrorisme. Ils encourent la prison à perpétuité.

Un troisième journaliste éthiopien, Elias Kifle, rédacteur en chef adjoint du site en ligne Ethiopian Review, basé à Washington, est également inculpé de « terrorisme ». Il vit aux Etats-Unis et est le seul des cinq journalistes à ne pas être actuellement détenu en Ethiopie.

« Cette inculpation confirme les craintes que nous avions formulées lors de l’adoption par les autorités éthiopiennes, à l’été 2009, de la loi anti-terrorisme. Le gouvernement de Meles Zenawi utilise ce texte contre les professionnels des médias qui dérangent, qui osent le critiquer ou qui enquêtent dans des zones reculées où agissent des mouvements rebelles. Nous exhortons le gouvernement éthiopien à revenir sur ces accusations aussi aberrantes que graves et à relâcher sans délai les quatre journalistes », a déclaré Reporters sans frontières.

« J’ai longtemps espéré que les autorités éthiopiennes se rendraient compte de l’absurdité de ces poursuites pour ‘terrorisme’. Désormais, le gouvernement suédois doit se demander si la ‘diplomatie silencieuse’ utilisée jusqu’à présent est réellement un moyen efficace pour obtenir leur libération », a estimé Jesper Bengtsson, président de la section suédoise de Reporters sans frontières.

Le reporter Martin Schibbye et le photojournaliste Johan Persson ont été arrêtés le 1er juillet 2011 alors qu’ils étaient entrés illégalement en Ogaden (Sud-Est), avec le Front national de libération de l’Ogaden (Ogaden National Liberation Front – ONLF), afin d’enquêter sur les atteintes aux droits de l’homme perpétrées dans la région. La section suédoise de Reporters sans frontières avait alors mis en place un fonds de soutien aux journalistes. Après deux mois d’incarcération, ils sont désormais officiellement accusés « d’activités terroristes », « d’avoir soutenu et apporté une aide professionnelle à des terroristes » et d’être « entrés dans un Etat souverain sans visa valide ou d’autorisation légale », selon les déclarations faites, à l’agence de presse Bloomberg, le 7 septembre 2011 par Shimeles Kemal. Afin d’appuyer ces accusations, le procureur a utilisé, lors de l’audience, une vidéo à visée propagandiste ( ), diffusée sur le site Caakara News quelques jours après leur arrestation.

Woubeshet Taye a été arrêté par la police le 19 juin 2011. Reyot Alemu a été arrêtée deux jours plus tard. Inquiète face à la dégradation de leur état de santé, Reporters sans frontières avait écrit un courrier au Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, le 25 août dernier, afin de demander la libération immédiate des deux journalistes et l’ouverture d’une enquête sur leurs conditions de détention.

Pour tout renseignement complémentaire:

Reporters sans frontières

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