Etat meurtrier


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Sida (illustration)
Sida (illustration)

Le sida n’est pas une maladie sexuellement transmissible. C’est avec ce genre d’argument imbécile que les autorités sud-africaines nient la maladie et son oeuvre macabre dans le pays. Une maladie qui a déjà entamé des coupes sombres au sein de la population et qui menace toute l’économie et la société de la nation arc-en-ciel.

Rappelons à titre tristement indicatif que 60% de l’armée sud-africaine serait séropositive. Devant l’incurie de l’Etat, les grandes sociétés minières n’hésitent pas, quant à elles, à mettre la main au portefeuille pour payer les précieux traitements à leurs salariés. Il leur revient en effet moins cher de soigner une main d’oeuvre déjà qualifiée – pour garder les compétences au sein de l’entreprise – que de former du nouveau personnel.

L’entêtement criminel de Thabo Mbeki, qui cautionne et appuie une ministre de la Santé à la stupidité charismatique, reste incompréhensible. Et le Président s’obstine toujours mystérieusement à remettre en question le rapport entre le HIV et la maladie. Le HIV pourrait, selon lui, ne pas être la cause du Sida. ?!? Une thèse fracassante qui a de quoi laisser circonspect. Les scientifiques nous auraient menti et se seraient amusé à répandre des informations farfelues sur toute la planète? Ce qu’il y a de farfelu serait plutôt la très sérieuse recette miracle (ail, oignon, patate douce et huile d’olive) prônée par la ministre de la Santé pour renforcer les défenses immunitaires contre le virus.

Non assistance à personne en danger, crime contre l’humanité, de tels chefs d’inculpation ne sont pas trop forts. Et l’on se demande pourquoi la communauté internationale reste aussi silencieuse devant la négligence coupable des dirigeants sud-africains. Fait rarissime, qui pourtant est totalement passé inaperçu, les religieux – traditionnellement rigides sur la question du sida- ont eux même remisé leur mauvaise foi au placard pour se mobiliser contre la maladie. L’archevêque Desmon Tutu, aux côtés de Nelson Mandela, s’est même prêté à une vaste campagne publicitaire contre le sida. Les deux prix Nobel de la paix sont montés au créneau pour sensibiliser la population sur cette peste sexuelle. Que dire, alors, de Thabo Mbeki sinon que s’il n’y avait malheureusement pas tant de concurrence ici-bas, il pourrait tout à fait inaugurer le prix Nobel de la mort.

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