Et les Sénégalaises adoptèrent le portable


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Drapeau du Sénégal
Drapeau du Sénégal

Les Sénégalaises le réclament à cor et à cri. Elles ne peuvent plus se passer de cet accessoire de mode qui est devenu le nouveau prolongement naturel de leur bras… au grand dam des représentants de la gent masculine.

La fièvre du portable s’est emparée des Sénégalaises. Le constat est simple, la jeune femme est littéralement à la merci du téléphone portable. Libérés du téléphone fixe familial, les jeunes et plus particulièrement les femmes se ruent sur ce nouveau moyen de communication. Le portable devient également un objet de frime, le symbole de la « femme branchée ».

La correspondante permanente à Dakar du magazine féminin Amina, Véronique Ahyi, nous confie que la femme sénégalaise « aime à recevoir un portable en guise de cadeau amoureux ». Deux ou trois ans auparavant, un bijou ou un voyage auraient été davantage appropriés.

Deux cas peuvent cependant se présenter au sein de la gent féminine. Soit la « working girl » qui utilise son portable comme un outil de travail, au même titre que les commerçants en import-export, soit celle qui l’utilise comme un gadget, un accessoire de mode qui vient compléter sa toilette.

Ce sont ces coquettes qui ont attiré notre attention. Ces jeunes femmes tiennent leur portable à la main, afin de le laisser voir et se refusent à le ranger dans leur sac, contre toute logique. En outre, elles l’emportent partout, même lorsque la bienséance l’interdirait, lors de cérémonies religieuses par exemple.

Nouvelle preuve d’amour

Les hommes semblent plus résistants à cette fièvre cellulaire. Les raisons en sont multiples. Ils sont tout d’abord moins touchés par les mouvements de mode. De plus, nous tenons de source sûr, que les femmes africaines ont des besoins en communication supérieurs à leurs compatriotes masculins.

La réticence de ces derniers va bien plus loin, puisqu’ils regrettent l’époque bénie où ils pouvaient soutenir une conversation avec une femme sans être sans cesse interrompus par la sonnerie fantaisiste de cet appareil encombrant. Certains célibataires redoutent même que le portable ne devienne la nouvelle preuve d’amour demandée au prétendant, à moins qu’il ne soit fourni dans la dot.

Les jeunes femmes ne sont pas les seules à être touchées par cette mode. En effet, les Sénégalaises de tous âges sont sensibles à cette liberté de communication et elles en équipent leurs enfants. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir des adolescents, dans les collèges et les lycées, munis de portables.

Marché du cellulaire au Sénégal

Cette pénétration fulgurante du portable dans la société africaine, depuis environ un an et demi, est également le fruit d’une baisse des coûts à l’achat.

Lorsque le portable pénètre le marché sénégalais, en 1990, son prix est très élevé, de l’ordre de 300 000 francs CFA. A cette date, seule la filière de France Télécom, Sonatel, est présente sur place. Par la suite, en 1998, un second opérateur, Sentel, s’installe sur place.

Grâce à la concurrence, les prix ont vite baissé, pour atteindre 200 000 francs CFA à la fin 1998.

Aujourd’hui, acheter un portable au Sénégal, coûte entre 50 000 et 100 000 francs CFA.

D’autre part, au vu de l’engouement des plus jeunes, les opérateurs ont mis au point de nombreuses offres alléchantes pour les adolescents. Ces derniers en possèdent donc de plus en plus.

Les portables les plus répandus sont sans doute ceux à carte, dont le coût est moindre, et qui permettent toujours de se faire appeler, même lorsque la carte est vide. Ceci souligne l’emploi gadget du portable qui dans ce cas a plus valeur de décoration que de réel outil de communication.

Le marché est donc fructueux pour Sonatel et Sentel qui se partagent 125 000 abonnés.

L’évolution de ce marché est bénéfique pour l’économie nationale. Cependant, la demande de cellulaires, en perpétuelle augmentation, engendre le développement d’un réseau de malfaiteurs qui, semblerait-il, volent les portables dans le tumulte de la capitale, pour les revendre aux plus offrants au marché de Colobane.

Plus de doutes, en tout cas, au sujet de l’implantation du portable au Sénégal. Les femmes, en en faisant leur nouvelle coqueluche, l’ont intégré à la culture locale.

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