Emeutes post électorales au Malawi


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Les résultats de l’élection présidentielle du 20 mai au Malawi ont été accueillis ce week-end par de violentes émeutes. Bingu wa Mutharika, le candidat du parti au pouvoir, l’UDF (le Front démocratique uni), a été déclaré vainqueur du scrutin. Les principaux partis d’opposition critiquent les irrégularités du vote. Ils ont décidé de s’unir pour remettre en question le verdict officiel des urnes devant la justice.

Fatoumata Traoré

Annoncée le 23 mai, la victoire de Bingu wa Mutharika, le candidat de l’UDF (parti au pouvoir), aux élections présidentielles, a provoqué de violentes émeutes ce week-end dans le pays. Pour manifester leur colère, de jeunes membres de l’opposition au président nouvellement élu ont bloqué des routes en brûlant des pneus et en érigeant des barricades. Et sont même allé jusqu’à incendier les bureaux du nouveau président. Des magasins ont été pillés dans une partie de Blantyre, la capitale commerciale. Les protestations ont été reprimées par la police, qui a utilisé des gaz lacrymogènes. Grâce à l’action des forces de l’ordre, le calme a été rétabli dans le pays.

Les irrégularités confirmées par les observateurs

Les principaux partis d’opposition affirment qu’ils envisagent une action judiciaire pour écarter le président élu, Bingu wa Mutharika. « Ils (le parti de l’UDF, ndlr) ont volé l’élection…..Je pense que nous allons la contester devant la justice », a déclaré Gwanda Chakuamba, leader du Mgwirizano (Unité), la coalition de l’opposition qui regroupe sept partis. Selon les opposants, le manque de transparence et la lenteur du décompte des voix de l’élection la rendent suspecte. La Commission électorale a déclaré Mutharika vainqueur avec 1 119 798 voix devant John Tembo, candidat du parti du Congrès du Malawi, qui a obtenu 846 457 voix et Gwamda Chakuamba, candidat du Mgwirizano, crédité de 802 386 suffragges.

Trois millions de personnes sur les 5,7 millions inscrites sur les listes électorales ont voté. Les électeurs devaient également désigner leurs députés. Le MCP (parti du Congrès du Malawi) a gagné 59 sièges, l’UDF (le Front démocratique uni) 49 et le parti Républicain de Chakuamba 16. Les positions de l’opposition sont confortées par l’Union européenne, le Commonwealth et des groupes d’observateurs africains, qui ont exprimé leurs inquiétudes concernant le déroulement des élections. Ils ont tous souligné le traitement de faveur accordé dans les médias publics à l’UDF, l’utilisation abusive des ressources de l’Etat par ce parti et la mauvaise préparation des élections.

Gagner la confiance

Le Malawi est l’un des pays les plus pauvres au monde. Le virus du Sida y fait chaque année 80 000 morts. 14% de la population est séropositive. Le pays a été dirigé depuis 1994 par Bakili Muluzi, qui a instauré la démocratie après une longue période de dictature. Le président sortant ne pouvait briguer un troisième mandat présidentiel aux termes de la constitution. Son successeur, Mutharika, a annoncé son intention de diversifier l’économie qui repose en grande partie sur le tabac en promouvant la croissance d’autres produits et en investissant dans le tourisme. Mais son premier défi de taille sera de faire face à une opposition frondeuse.

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