Emeutes à Libreville


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La capitale gabonaise est depuis quatre jours le théâtre d’affrontements inter-établissements. A l’origine des événements : une rencontre sportive qui a mal tourné. Les violences ont déjà occasionné d’importants dégâts matériels. Elles se poursuivaient ce jeudi à Libreville. Les autorités se sont, pour l’heure, refusées à tout commentaire.

Quatrième jour d’émeute à Libreville. La capitale gabonaise connaît depuis samedi dernier une flambée de violence scolaire dont l’étincelle est un simple différent sportif entre deux établissements. Une vendetta qui s’est transformée en véritable bataille rangée et qui se poursuivait ce jeudi dans les rues de la ville, bloquant une partie de la circulation. Les dégâts matériels sont déjà très importants. Le Premier ministre a réuni un conseil des ministres extraordinaire dont la déclaration finale ne sera rendue public que dans la soirée.

Au centre des événements : le lycée technique Omar Bongo d’Owendo en périphérie de Libreville, considéré comme le lycée chaud de la capitale. Les échauffourées débutent au cours d’une rencontre sportive, le week-end dernier, contre le collège évangéliste Nang Essono Samuel de Melen. Fidèles à leur réputation, les durs à cuire de l’établissement d’Owendo – plus connu sous le nom de Capo- s’en sont pris lundi aux collégiens. « Des événements d’une rare violence », commentait mercredi le ministre de l’Education nationale, le Pr Daniel Ona Ondo. Les lycéens, « armés de gourdins, de cailloux, de bouteilles, de machettes et d’autres objets », ont détourné un bus scolaire pour aller régler leur compte aux élèves du CES de Melen.

Plus de 110 millions de dégâts

La vindicte des trublions de Capo ne s’est pas arrêtée là. Après leurs faits d’arme au collège Nang Essono Samuel, où dix personnes ont été blessées et des salles de classe endommagées, ils sont à nouveau descendus dans la rue pour manifester leur étrange colère. Marchant sur Libreville, ils cassent tout sur leur passage. Comme en témoigne le triste sort de l’Ecole professionnelle d’informatique (EPI), entièrement dévastée par les émeutiers. Les dégâts s’élèvent à plus de 20 millions de F CFA.

« Six de nos bus ont été saccagés en deux jours. Trois mardi, trois mercredi », explique-t-on à la Société gabonaise de transport (Sogatra). « Les dégâts s’élèvent à 90 ou 100 millions de F CFA ». Mais sur cette ardoise, l’entreprise publique compte également les actes de vandalisme des deux dernières semaines qu’elle attribue également aux élèves. « Trente-huit de nos bus sont immobilisés. Sur un parc de 73 véhicules. Nous n’avons pas encore chiffré le manque à gagner du défaut d’exploitation. Notre principal problème est la protection des bus qui restent. Nous attendons que des mesures soient prises par le pouvoir. »

Situation de crise

Pour autant la Sogatra n’a pas suspendu le service. « Nous avons envoyé un bus de ramassage scolaire aujourd’hui (jeudi, ndlr) au lycée Omar Bongo, mais les élèves ont refusé de le prendre. Ils ont préféré marcher sur Libreville. A l’heure où nous vous parlons, il y a des affrontements sur la voie express », rapporte un dirigeant de la société qui a préféré garder l’anonymat. Si les élèves ont, cette fois-ci décidé d’aller en découdre à pied avec leurs camarades, notre source tient à rappeler qu’ils avaient auparavant « pris en otage les conducteurs de bus pour aller attaquer les autres établissements ».

Questions gênantes ? Face à ces troubles, les autorités se montrent particulièrement avares en commentaires. Le commissariat du quartier de Lalala, proche du théâtre des événements, a catégoriquement refusé de répondre à nos questions. Quant au ministère de l’Intérieur, le directeur de cabinet du ministre nous a déclaré ce jeudi après midi, qu’en attendant les différents rapports d’enquête, il ne pouvait pas se prononcer sur les événements.

« L’affaire est grave », confie-t-on au ministère de l’Education nationale. Si bien qu’un conseil des ministres extraordinaire se tient en se moment même à Libreville pour définir la position et les dispositions de l’Etat. Un gouvernement réunit au grand complet pour l’occasion. Un communiqué final sera lu vendredi par le porte-parole du gouvernement. Pour l’heure, le CES de Melen reste fermé jusqu’à nouvel ordre, tandis que le lycée technique ne rouvrira ses portes que lundi prochain.

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