Élections municipales à Maurice : une victoire sans rival pour l’Alliance du changement


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Élections en Afrique
Des élections en Afrique

Aux municipales du 4 mai, l’Alliance du changement a raflé 117 sièges sur 120, face à une opposition absente et un électorat démobilisé. Si la coalition PTr-MMM confirme son hégémonie politique, cette victoire sans rival pose la question d’une démocratie locale affaiblie, vidée de sa substance.

Ce dimanche 4 mai, les électeurs des cinq principales villes mauriciennes étaient appelés aux urnes pour les élections municipales. Sans surprise, l’Alliance du changement, coalition dominante formée par le Parti Travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM), a remporté une victoire écrasante en raflant 117 des 120 sièges. Cette victoire quasi totale s’inscrit dans la continuité des législatives de novembre 2024, où le bloc avait réalisé un score sans appel de 60-0. Toutefois, cette domination électorale s’est déroulée dans un contexte de quasi-absence de compétition, les partis d’opposition ayant choisi de ne présenter aucun candidat.

Une opposition en retrait, un électorat démobilisé

Le scrutin s’est déroulé dans une ambiance tiède. Le taux de participation n’a atteint que 26 %, reflet d’un désintérêt massif de la population. L’absence des principaux partis d’opposition a vidé le scrutin de tout enjeu politique réel. Traumatisée par sa lourde défaite aux dernières législatives, l’opposition a préféré rester en retrait, laissant le terrain entièrement libre à l’Alliance du changement. En l’absence d’un véritable débat démocratique, les urnes n’ont guère suscité d’enthousiasme chez les citoyens, qui semblent lassés d’un système où le pouvoir central conserve la main sur les grandes décisions.

Malgré ce paysage électoral dominé par une seule force politique, trois figures indépendantes ou issues de formations émergentes ont réussi à s’imposer. À Rose-Hill, Patrick Belcourt, leader du mouvement citoyen En Avant Moris, a remporté un siège grâce à une solide implantation locale et un parcours atypique, entre études en France et carrière bancaire. À Vacoas-Phoenix, Ashwin Dookun du Reform Party a été élu à la suite d’un tirage au sort, témoignant de la ténacité de petites formations dans un contexte verrouillé. Enfin, à Port-Louis, le candidat indépendant Ajay Teerbhoohan, un coiffeur résidant à Vallée-des-Prêtres, a battu le candidat du pouvoir avec une avance de 173 voix. Ces victoires isolées ont suffi à empêcher un 120-0 historique.

Un appel à réformer la démocratie locale

Ce faible taux de participation et l’absence de pluralisme ont relancé le débat sur la place et le rôle des municipalités dans la gouvernance mauricienne. Nombre de citoyens et d’observateurs dénoncent le manque d’autonomie des collectivités locales, réduites à de simples relais du pouvoir central. Les voix s’élèvent pour une réforme profonde du système, réclamant un véritable transfert de compétences vers les municipalités, une meilleure reconnaissance de la démocratie locale et une implication plus directe des citoyens dans la gestion de leur cadre de vie.

Avec une opposition en convalescence et un électorat apathique, cette victoire écrasante de l’Alliance du changement apparaît comme une démonstration de force… mais aussi comme le symptôme d’une démocratie locale en panne.

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