Élection présidentielle au Bénin : l’inconséquence du Front pour la restauration de la démocratie


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Le dossier du duo de candidats du Front pour la restauration de la démocratie (FRD) pour l’élection présidentielle du 11 avril 2021 au Bénin sera peut-être rejeté, s’il est déposé. Et pour cause. Les leaders politiques réunis au sein de ce creuset ont décidé de faire tout simplement abstraction du parrainage, alors même que les dispositions légales en vigueur en font une condition sine qua non pour la validation du dossier de candidature d’un prétendant à la fonction suprême au Bénin. Une curieuse attitude de cette frange de l’opposition dite radicale qui suscite des questionnements.

Le Front pour la restauration de la démocratie (FRD), un creuset regroupant des partis et mouvements politiques farouchement hostiles au régime du Président Patrice Talon, n’a visiblement pas tiré leçon des élections législatives d’avril 2019.

Après avoir longtemps entretenu le doute et l’incertitude sur sa participation à la Présidentielle d’avril prochain, le Front a fini par choisir les deux candidats chargés de défendre ses couleurs au cours du scrutin. Le professeur Joël Aïvo et l’ancienne ministre Reckya Madougou ont été respectivement désignés pour briguer la présidence et la vice-présidence. Les dossiers de ces deux personnalités doivent normalement être déposés à la Commission électorale nationale autonome (CENA) ce jeudi, dernier jour prévu pour accomplir cette formalité.

Seulement voilà. Le FRD n’a négocié aucun parrainage, alors que les nouvelles dispositions légales en vigueur imposent aux candidats d’obtenir la signature d’au moins 16 parrains (députés et/ou maires). En adoptant une telle attitude de défiance à l’égard des lois en vigueur, l’opposition dite radicale est en train d’emprunter délibérément la voie d’une nouvelle exclusion, à l’image de ce à quoi on a assisté en avril 2019 et qui a accouché de l’Assemblée nationale monocolore tant décriée par cette même opposition.

Les leaders politiques réunis au sein du FRD n’ont-ils donc tiré aucune leçon de l’expérience passée ? N’ont-ils pas compris qu’ils ont plus intérêt à se plier aux lois en vigueur plutôt que de tenter d’y résister au risque de tout perdre ou de mettre en péril la stabilité nationale ? Les personnalités qui constituent le FRD sont tout de même des têtes bien faites, des cadres et des intellectuels confirmés ayant fait et continuant de faire leurs preuves dans le pays et sous d’autres cieux. Mais alors quel est leur problème ? Ou plus exactement, quel est leur plan ? Rendre ingouvernable le pays après avril 2021 ?

Sinon comment comprendre que cette opposition choisisse de se conformer à une partie des textes, notamment en désignant un duo de candidats comme recommandé, mais décide de fouler aux pieds les autres exigences légales ? Quelles sont les motivations réelles de cette opposition pour qu’elle se refuse à négocier le parrainage ? On est bien tenté de conjecturer que l’opposition béninoise, peut-être déjà convaincue de l’évidence de son prochain échec, prépare le terrain pour, en son temps, crier à l’exclusion. En tout cas, si l’opposition radicale est exclue du scrutin pour cette raison, elle ne devra s’en prendre qu’à elle-même.
À bon entendeur !

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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