Egypte : un référendum sous haute tension


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La tenue aujourd’hui du référendum sur la réforme constitutionnelle présentée par le Président Hosni Moubarak est placée sous le signe de l’extrème vigilance pour le pouvoir.

La décision précipitée de fixer au 26 mars le jour du vote, soit un mois avant la date initialement prévue, loin de calmer l’opposition semble l’avoir remobilisée. Les appels au boycott se sont ainsi multipliés. Un front des partis d’opposition au sein du Parlement et comprenant les frères musulmans, le wafd, le tagamouh (parti de gauche) et al-karama (nassériens) s’est ainsi constitué depuis jeudi soir. Il invite les électeurs égyptiens à ne pas se déplacer pour le référendum, considérant que les résultats seraient déjà connus d’avance.

Pour le guide de la confrérie des frères musulmans Mehdi Akef, les 34 amendements en discussion constituent « un coup d’Etat constitutionnel ». Il faut dire que pour le mouvement religieux, les nouveaux articles lui interdiront toute participation au prochain scrutin présidentiel. L’énième amendement de l’article 76 prévoit en effet que tout candidat se présentant soit affilié à un parti disposant d’au moins 3% de députés au sein de l’Assemblée du peuple. Malgré leurs 88 députés qui leur sont affiliés, la confrérie des frères musulmans ne sont officiellement toujours pas reconnus comme un parti. Pour leur clouer provisoirement toute velléité éléctorale, un autre amendement prévoit que dorénavant aucun parti ne pourrait être constitué sur la base de la religion. Ce qui empèche de facto les frères musulmans de pouvoir revendiquer une appartenance partisane. Cet amendement une fois adopté risque d’être lourd de conséquences comme le rappellent certains analystes politiques qui craignent de voir l’organisation qui a décidé de jouer le jeu institutionnel depuis quelques années retourner à une pratique contestataire plus radicale.

L’opposition dénonce des amendements liberticides

Autre amendement en question, celui de l’article 88 qui prévoirait en cas d’adoption la fin de la supervisation des élections par les juges. Le club des magistrats a dénoncé à plusieurs reprises cette modification et accuse le pouvoir d’avoir cherché à les punir en raison des dénonciations de fraudes qu’ils n’avaient pas hésité à faire connaître lors des dernières élections législatives de l’automne 2005.

Le remplacement de l’article 179 modifierait la loi d’Etat d’urgence (toujours en vigueur depuis 1982) au profit d’une loi anti-terroriste que de nombreuses ONG ainsi que la Commission égyptienne des droits de l’homme que dirige Boutros Boutros Ghali ont vivement critiqués. Ces derniers ont jugé le nouveau texte aussi liberticide que le précédent et ont demandé la stricte levée de la loi d’Etat d’urgence.

Face aux critiques virulentes de l’opposition qui a menacé de manifester ce lundi, le président égyptien a de nouveau réitéré l’assurance que le résultat du scrutin sera respecté et que le peuple aura le dernier mot. Message qui n’a pas démobilisé une opposition égyptienne pour qui le vrai verdict populaire doit s’exprimer par un boycott massif du référendum.

Par Hicheme Lehmici, Correspondant du Quotidien d’Oran au Caire:

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