Egypte : l’évêque Tawadros, l’espoir copte


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L’évêque Tawadros, le nouveau pape des chrétiens coptes d’Egypte, élu dimanche, a du pain sur la planche. C’est dans un contexte tendu pour sa communauté, victime régulièrement d’attaques, qu’il succède à Chenouda III, décédé en mars 2011, à l’âge de 88 ans. Désormais les coptes reposent tous leurs espoirs sur le patriarche pour des lendemains meilleurs. Portrait.

L’ambiance est particulière dans la cathédrale Saint-Marc du Caire ce dimanche. Elle est bondée de monde. Les vapeurs d’encens enivrent les fidèles réunis pour assister à la nomination du nouveau pape copte. Ne faisant plus qu’un, ils retiennent tous leur souffle au moment où le petit garçon aux yeux bandés par un bout de tissu noir tire au sort dans un calice de verre le nom du futur patriarche de l’Eglise copte. Ce dernier ne se doute pas encore que c’est son nom que l’évêque Pachonius clamera devant la foule : Tawadros ! Comme un coup du destin, le jour de son soixantième anniversaire, l’évêque Tawadros devient le successeur du charismatique Chenouda III, mort en mars 2011, à l’âge de 88 ans. Ce dernier est vénéré par les coptes pour avoir défendu avec ferveur les droits de sa communauté et prôné l’unité des églises chrétiennes.

De la pharmacie à l’Eglise

L’évêque va devoir être à la hauteur de son prédécesseur. L’homme au regard perçant et aux sourcils épais est connu pour son sens du consensus et de la modération. Il s’est particulièrement penché sur les problèmes que rencontrent les jeunes. Le sexagénaire natif de Beheira (Delta du Niger) est aussi loué pour ses capacités de gestion hors pairs. Le pharmacien de formation, qui a effectué ses études en Grande-Bretagne, a dirigé une usine de médicaments avant de devenir prêtre en 1989, puis évêque en 1997. Selon lui, la jeunesse copte est la clé de l’avenir de sa communauté. Il préfère également rester à l’écart de la politique pour se consacrer entièrement à sa fonction.

Désormais, tout repose sur ses épaules. Il le sait, sa tâche est ardue. C’est sur fond de tensions, que précisément, le « 118ème pape d’Alexandrie, patriarche de toute l’Afrique et du siège de Saint-Marc » a été élu. Régulièrement victimes d’attaques, les coptes d’Egypte, qui constituent la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient (environ 10% soit entre 7 et 8 millions d’Egyptiens), sont inquiets pour leur avenir. Les affrontements entre les membres de leur communauté et les musulmans sont récurrents. Pas plus tard que dimanche 28 octobre, cinq coptes ont été blessés dans le village d’Ezbet Marco, au sud du Caire, lors de heurts avec des musulmans qui voulaient les empêcher d’accéder à l’église. Pis, en octobre 2011, 17 coptes avaient péri dans une manifestation contre l’attaque d’une église par des islamistes radicaux dans la province d’Assouan.

Les coptes victimes de discriminations

Les coptes se plaignent également d’être victimes de discrimination. Ils sont en effet peu représentés dans la sphère politique et dans la haute fonction publique. Selon Christine Chaillot, écrivain spécialiste des chrétiens du Moyen-Orient, contactée par Afrik.com, « après la révolution de janvier et février 2011, ce sont les musulmans salafistes qui ont été les auteurs de violences vis-à-vis des chrétiens coptes. Ils souhaitent un retour à un « Islam pur » ». D’après elle, « les coptes souhaitent simplement manifester leur existence en tant que minorité et en tant que citoyens égyptiens. Ils demandent des droits égaux pour tous, musulmans et chrétiens. »

L’élection du chef d’Etat égyptien, issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, n’a fait que renforcer les inquiétudes des coptes. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il a assuré être le président de tous les Égyptiens sans exceptions. Il a nommé en août dans son gouvernement l’écrivain copte Samir Morcos au poste « d’assistant pour la transition démocratique ». Malgré cette tentative d’ouverture politique, les tensions entre coptes et musulmans sont loin d’être apaisées.

Des rapports apaisés avec le nouveau pouvoir. C’est pourtant principalement ce que recherchent les responsables coptes pour que leur communauté vive en paix en Egypte. Une mission que le nouveau patriarche va devoir mener à bien. Il va aussi devoir rétablir le dialogue entre coptes et musulmans pour que les tensions inter-religieuses cessent. La tâche du chef spirituel est ardue. Les attentes de sa communauté, qui a portés ses espoirs en lui, sont grandes.

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