Egypte : grève dans la métallurgie sur fond de rivalités syndicales


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5 000 des 12 600 ouvriers de l’usine de Helwan, appartenant à la Société égyptienne pour le fer et l’acier (HADISOLB) ont entamé leur deuxième semaine de protestation, transformant leur sit-in en grève partielle. Nouvel épisode du conflit ouvert qui oppose le ministre de la Main d’œuvre, Kamal Abu Eita et le syndicat d’Etat, la Fédération nationale des syndicats égyptiens.

L’usine de Helwan, fleuron historique de la métallurgie égyptienne, ne fonctionne plus aujourd’hui qu’au ralenti. Près de 5 000 ouvriers d’HADISOLB ont planté le piquet pour exiger le paiement de 16 mois d’arriérés de primes sur les profits annuels. Cette somme, qui vient compléter de manière conséquente les salaires des ouvriers, est normalement distribuée aux mois de juin et de novembre. Les voix s’élèvent aussi contre la mauvaise gestion de l’usine et la corruption du conseil d’administration, accusé de mener l’entreprise à la faillite en ne fournissant pas suffisamment de coke pour faire fonctionner les hauts-fourneaux. Seul un de ces fours serait d’ailleurs en état de marche.

Avec une performance en chute libre depuis 2011, l’usine aurait accumulé des pertes atteignant 900 millions de livres égyptiennes (source Al-Ahram) au bilan de juin 2013. Le conseil d’administration avance donc l’absence de profits pour justifier le non-paiement des primes. Malgré ce défaut de liquidités, le président du syndicat d’Etat, Abdel Fattah Ibrahim, qui a visité l’usine mardi dernier, a annoncé un paiement des primes dans les 48 heures. Le sit-in a démarré en réaction au non-respect de cette énième promesse.

Cette contestation apparaît ainsi comme une épine de plus dans le pied de Kamal Abu Eita, ministre de la Main d’œuvre et ancien président du premier syndicat indépendant égyptien. Nommé par le gouvernement intérimaire au lendemain du renversement de Mohamed Morsi, Abu Eita est un fervent opposant au syndicat d’Etat, qu’il tente en vain de réformer, car resté sans élections (et donc sans remplacement des responsables felouls ou pro-Moubarak) depuis la révolution.

Conscients d’être au cœur d’une bataille qui les dépasse, les ouvriers souhaitent aujourd’hui déplacer la contestation hors de l’enceinte de l’usine. Initiative délicate sous la nouvelle loi sur les manifestations puisqu’il leur faut attendre l’autorisation du ministère de l’Intérieur, qu’ils n’ont toujours pas reçue. Reste pourtant dans leurs esprits la précédente mobilisation de masse organisée au sein de l’usine qui avait mené à une intervention féroce de la police, plus d’une centaine d’arrestations et la mort d’un ouvrier. C’était en 1989.

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