Droits de l’Homme au Maghreb : la floraison


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Dans le rapport 2011 d’Amnesty International France (AIF) les révolutions au Maghreb et au Moyen Orient sont à l’honneur. Elles manifestent du « désir d’universalité des droits de l’Homme », a déclaré l’organisation internationale en France au cours d’une conférence organisée jeudi à Paris. En dépit de ces évènements et de ses répercussions à travers le monde, Amnesty Internationale France qui fête cette année ses cinquante ans affirme que des progrès en matière de liberté d’expression et de lutte contre l’impunité principalement sont encore à faire, y compris en France.

Un bilan globalement positif. Il ressort du rapport 2011 d’Amnesty international que les bouleversements qui se sont produits en Afrique du Nord et au Moyen-Orient constituent de possibles avancées majeures vers le respect des droits de l’Homme. Ces soulèvements n’ont d’équivalent que « la chute du mur de Berlin », a affirmé l’organisation non gouvernementale en France. La révolution de Jasmin en Tunisie, suivie de celles de l’Egypte, de la Libye, du Yémen, du Barheïn ont provoqué des vagues de contestation dans d’autres pays du monde.

Sans dénier les éléments déclencheurs de ces évènements, comme l’immolation par le feu de Mohammed Bouazizi en Tunisie, il existait depuis des années dans ces pays des « graines en gestation », indique Geneviève Garrigos. La présidente d’Amnesty International France (AIF) rappelle que dès 2010, « 200 000 » proches des victimes du massacre de la prison d’Abou Sali perpétré en 1996 en Libye réclamaient justice à Benghazi. L’organisation a salué le rôle de la jeunesse, des journalistes et des médias sociaux dans les changements qui ont eu lieu. Elle prône le développement de moyens technologiques propices à la défense des droits de l’Homme et non comme outils de répression par les gouvernements.

Garantir la liberté d’expression et lutter contre l’impunité

Amnesty International affirme que malgré ces changements majeurs, la liberté d’expression est encore « restreinte » dans 89 États sur les 157paysqu’elle a suivi, et deux tiers de la population mondiale n’a pas accès à la justice. Elle a fait de ces deux domaines ses principales priorités, avec l’abolition de la peine de mort et le respect de la dignité humaine. Elle indique par ailleurs que la répression politique contre les journalistes et les dissidents s’est accrue en 2010, notamment au Burundi, au Rwanda, au Soudan, en Afrique du Sud, au Tchad, au Togo et en République démocratique du Congo (RDC).

L’organisation de défense des droits humains a dénoncé l’impunité contre les migrants irréguliers à la frontière mexicaine où ceux qui tentent de traverser le pays vers les États-Unis sont victimes de violences sans qu’ils ne soient en mesure de réclamer justice du fait de leur statut d’étrangers illégaux. L’AIF appelle à ce que les « polices secrètes qui commettent des exactions » dans les pays en proie à des mouvements contestataires à être « poursuivies ». Les institutions à l’origine des répressions doivent être remplacées et la place des femmes y être reconnue, indique-telle.

Tirer les leçons des bouleversements politiques

La France n’a pas été exempte de critique lors de cette conférence. L’organisation l’invite à « renoncer à soutenir les régimes répressifs » et à « tirer les leçons claires » des bouleversements en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Elle a énoncé une liste de critères au travers desquels elle veillera au respect de cet objectif. Il s’agit du soutien à la reconstruction d’Etats destinés à « faire des pas vers les Droits de l’Homme », du contrôle du commerce des armes, de la lutte contre l’impunité en ayant recours à la Cour Pénale Internationale (CPI), au contrôle des multinationales françaises, et à la protection des réfugiés. Francis Perrin, vice-président de l’AIF, a souligné les « contradictions » et « l’opportunisme politique » de la République en matière des Droits de l’Homme.

Il affirme que l’Etat français met l’accent sur le contrôle en matière de migration et présente l’afflux massif de migrants tunisiens et libyens sur les côtes européennes comme une « menace », alors qu’il est signataire du traité de Lisbonne qui fait mention d’un mécanisme de « solidarité » et de « partage équitable des responsabilités ». L’organisation considère en outre l’adoption de la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’ensemble des lieux publics comme une atteinte aux libertés fondamentales. A la veille de l’élection présidentielle de 2012, Amnesty International France a écrit un « Manifeste pour les Droits de l’Homme » que les responsables politiques ont invités à signer.

L’organisation publiera un rapport spécial sur la Côte d’Ivoire le 25 mai.

[[A l’ occasion du cinquantenaire d’Amnesty Internationale, l’ONG organise des rencontres et évènements à travers le monde. Une journée symbolique est prévue pour le 28 mai.
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