Donner un Noir en pâture aux lions: un délit mineur en Afrique du Sud


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Mark Scott-Crossley, un fermier blanc sud-africain qui, en 2005, avait été condamné à perpétuité pour avoir donné son employé noir à manger aux lions, vient d’être remis en liberté. Le pays condamne sa libération et dénonce le racisme toujours prégnant dans cette société post-Apartheid.

Il peut crier victoire, Mark Scott-Crossley. Ce fermier blanc de la province du Limpopo, condamné en 2005 à une peine de prison à perpétuité, vient d’être libéré, jeudi, par les autorités sud-africaines. Accusé en 2004 d’avoir tué un de ses ex-employés noir et de l’avoir donné en pâture à des lions, il a d’abord purgé deux ans de sa peine à vie, avant que la Cour Suprême d’Appel revoie les charges en 2005 et ne le condamne plus qu’à 5 ans de rétention pour complicité. Finalement, il a été libéré cette semaine et demeure en liberté surveillée.

Dans la cage aux lions

Nelson Chisale travaillait pour Mark Scott-Crossley. Deux mois après son licenciement, il était revenu sur les lieux pour récupérer quelques effets personnels. L’enquête de la police a démontré que son ancien patron l’a fait passer à tabac par d’autres employés armés de machettes, avant de le charger dans un pick-up et de l’emmener dans une réserve animalière. Là, il sera jeté aux lions blancs, une espèce très rare. Seuls des ossements et des vêtements tâchés de sang permettront plus tard de l’identifier.

L’accusé a toujours clamé son innocence et a fait appel du jugement qui le condamnait à la prison à vie pour meurtre. Il a obtenu une réduction de peine en 2005, faute de preuves suffisantes attestant du meurtre. La Cour d’Appel a argué que rien ne prouvait que Mark Scott-Crossley ait effectivement tué son employé. Le jeter dans la cage aux lions relevait donc seulement de la complicité de meurtre. La décision finale de le libérer cette semaine est toutefois soumise à des règles d’encadrement strict. Le fermier demeure en liberté étroitement surveillée jusqu’à la fin des 5 ans prévus par la justice.

Une justice à double vitesse ?

En 2004, le crime avait fait les gros titres de la presse internationale et indigné l’opinion publique. Quatre ans plus tard, le rebondissement de l’affaire fait beaucoup parler. Les associations de défense des droits de l’Homme sont montées au front jeudi, pour dénoncer la libération abusive de Mark Scott-Crossley. Quinze ans après la fin de l’Apartheid et l’exploitation des noirs par les fermiers blancs, beaucoup dénoncent une société encore très raciste, où les droits blancs priment sur ceux des noirs. Mais également où la richesse joue son rôle de séparateur social. « Il est clair pour la classe des travailleurs pauvres que ceux qui sont riches et blancs continuent d’être traités différemment de ceux qui sont pauvres », a déclaré, jeudi, le porte-parole du Congress of South African Trade Unions.

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