Diverse Ethiopie !


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Drapeau de l'Ethiopie
Drapeau de l'Ethiopie

L’Ethiopie est diverse, et ses richesses variées. Au moment où l’actualité est sombre dans la Corne de l’Afrique, au moment où l’affrontement avec l’Erythrée reprend avec sang et fureur, au moment où la sécheresse revient avec son cortège de faim et de désespoir, de réfugiés harassés éparpillés sur les routes de poussière, de cheptels anéantis, d’enfants hagards…

Voici que sort le huitième volume de la collection Ethiopiques, « Swinging Addis », qui ressuscite l’âge d’or de la musique urbaine d’Addis-Abeba, celui des années 1960-1970. Toute une vitalité artistique d’orchestres dont les concerts animaient les longues soirées des sujets du Négus… Et dont la joyeuse faconde musicale fut coupée court par la guerre civile, puis la dictature de Mengistu.

C’est un globe-trotter de génie, Francis Falceto, qui a reconstitué cet univers à partir d’un 45 tours découvert il y a quelques années chez un soldeur de Barbès : une porte s’ouvrait pour lui sur une collection de talents aussi divers que surprenants, une génération de chanteurs et de musiciens lancés à la poursuite d’un bonheur dont leur voix incarnait la couleur. Les volumes 6 et 7 étaient consacrés à l’un des phénix, Mahmoud Ahmed, prodigieux « azmari » dont l’organe se jouait des répertoires traditionnels comme des styles contemporains. Le volume 8 est plus étonnant, hétéroclite, inattendu, pot-pourri d’artistes divers influencés par la chanson occidentale, mais la traitant à leur manière, réinterprétant, transformant, bousculant les rythmes et les accords…

Et c’est comme une carte postale d’hier, où la photographie de visages disparus et d’usages oubliés s’accole aux traces régulières d’une encre un peu passée, dont les formules se fanent. Toute cette animation discorde étrangement avec les images de soldats et de blindés qui avancent, d’enfants affamés… Si seulement, en écoutant ces chanteurs qui pour la plupart se sont tus, les dirigeants éthiopiens et erythréens pouvaient se souvenir, un peu, du bonheur de la paix enfuie, et céder enfin aux instances d’Abdelaziz Bouteflika, parlant au nom de l’O.U.A. !

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