Discrimination positive pour égalité effective


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arton10227

Au-delà des respectables positions de principe de l’élite française (politique, médiatique, intellectuelle ou économique) qui craint que la « discrimination positive » n’aille à l’encontre du sacro-saint principe d’égalité, fondateur de la République, quelles solutions nous propose-t-on pour assurer l’égalité réelle des chances entre tous nos concitoyens ?

Au-delà des respectables positions de principe de l’élite française (politique, médiatique, intellectuelle ou économique) qui craint que la « discrimination positive » n’aille à l’encontre du sacro-saint principe d’égalité, fondateur de la République, quelles solutions nous propose-t-on pour assurer l’égalité réelle des chances entre tous nos concitoyens ?

Il est une réalité incontestable dans notre pays : la représentation nationale ne reflète pas la diversité de la population. Les enfants des zones rurales, des familles modestes, des ouvriers et des employés, des originaires des DOM et des immigrés d’Asie, de Turquie ou d’Afrique ne sont ainsi pas représentés dans les cercles du pouvoir économique, dans la haute fonction publique, dans les médias comme au sein du parlement. Ils y subissent des discriminations.

Comment la République peut-elle respecter ses engagements internationaux et sa signature, si elle n’assure pas à tous ses enfants un égal accès aux postes de direction, aux fonctions à responsabilité ou à la représentation politique, et si elle ne connaît pas la réalité statistique de la situation d’une partie de sa population ? Il est donc indéniable que des variables ethniques doivent être directement intégrées dans notre appareil statistique.

Sinon, comment connaître et mieux appréhender les parcours d’intégration des immigrés et de leurs descendants ? Comment mesurer les phénomènes de ségrégation scolaire ou territoriale, ou mettre en évidence afin de mieux les combattre, les discriminations sur les marchés du travail ou du logement ?

Pourquoi ne pas admettre que pour garantir la liberté, l’égalité et la diversité au sein de la société française, le pouvoir politique doit créer les conditions de corrections des inégalités ? A discriminations géographiques, réponses territoriales comme les ZEP. A discriminations sociales, réponses basées sur les critères de niveau de revenu. Par conséquent, à discriminations raciales, réponses s’appuyant sur les origines géographiques ou ethniques.

Tôt ou tard, nous devrons assurer la promotion sociale des talents de la diversité au sein des sphères d’influence et de décision. Alors, autant le faire maintenant, avec gestion, maîtrise et planification, plutôt que de s’exécuter parce que contraints par la pression démographique, les directives et les injonctions de la Commission Européenne ou les nécessités de la bataille de la mondialisation.

Dans une tribune intitulée « Vers une nouvelle citoyenneté française » et publiée dans le journal Le Monde du 2 mai 2003, Nicolas Sarkozy affirmait : « la République est forte quand elle accepte la différence comme une richesse et qu’elle reconnaît que les handicaps doivent être corrigés par un effort particulier. Pour rétablir l’égalité des chances, la discrimination positive est une nécessité ». Qu’en est-il de la situation dans notre pays, trois ans après ? Cette nécessité est-elle une obligation politique ?

L’un de nos trop rares hommes d’Etat adeptes de la rupture est-il prêt à mettre immédiatement en application ses propres recommandations pour la diversité au sein des institutions qu’il dirige (UMP, Ministère de l’Intérieur, Conseil Général des Hauts-de-Seine) ? Et que proposent les nombreux autres candidats(es) à la fonction de Chef d’Etat, pour assurer une égalité effective entre tous et la promotion sociale des talents de la diversité ?

Tous les « oubliés de l’égalité des chances » réclament justice et équité aux pouvoirs publics et aux partis politiques. Ils attendent les positions publiques, propositions et actes concrets des candidats à la Présidentielle 2007, pour assurer mobilité, promotion et ascension sociales aux enfants des zones rurales, des couches populaires, des quartiers défavorisés, des minorités ethniques, sans oublier les classes moyennes … autant de citoyens électeurs décidés à juger sur pièces, et surtout à ne plus subir sans réagir.

Notre société doit rapidement adopter des mesures pour une « discrimination positive à la française » afin de rétablir une égalité effective entre tous les citoyens et de revenir à notre tradition de la méritocratie républicaine : donner une chance à chacun de s’élever dans la société et accorder une place pour tous.

Au-delà des constats et de l’incantation sur l’égalité et la diversité, sortons du statut quo par des actes et outils de correction fussent-ils temporaires ! La paix et la cohésion sociales sont à ce prix.

Dogad Dogoui, Président d’Africagora

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