Diam’s, le retour apaisé


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Son voile avait fait l’objet de toutes les polémiques, sans qu’elle ne s’exprime jamais sur le sujet. Diam’s, qui apparaît désormais voilée, a accordé pour la première fois depuis quatre ans une interview. Dans l’émission Sept à Huit, sur TF1, l’ex-rappeuse s’est mise à nu à l’occasion d’un entretien exceptionnel.

Une ancienne étoile montante du rap français a fait son grand retour. Non pas sur scène, mais dans le portrait de la semaine de l’émission Sept à Huit, sur TF1, du dimanche 30 septembre 2012. Diam’s revient après quatre ans d’absence. Voilée et l’air apaisée, celle qui désormais préfère être appelée par son prénom, Mélanie, raconte son histoire. Elle explique comment elle est passée du rap à l’Islam. De l’ombre à la lumière. De la mort à la vie.

En mars 2008, alors qu’elle est au sommet de sa carrière, la jeune franco-chypriote quitte la musique sans donner la moindre explication. Cette année-là, aux Victoires de la Musique, la jeune rappeuse chante Ma France à moi en direct sur France 2. A la fin de son interprétation, tel un message, elle lance au public : « c’est peut-être pour moi mes dernières Victoires de la Musique, laissez-moi m’offrir un kif et écoutez jouer mon équipe ». Ce seront les dernières. Innovation et émotion dans la salle, le public lui accorde une standing ovation. La chanteuse est en larme, le cœur déchiré. Trois semaines avant, elle venait de faire un mois et demi d’hôpital psychiatrique. Deux jours après, elle y retournait. C’est de nouveau une descente aux enfers.

Pourtant, tout lui réussissait. Premier album à 17 ans, star du rap à 22 ans et une cinquantaine de zéniths, la show-girl devient la plus grosse vendeuse du rap français. Elle avouera finalement n’avoir jamais su gérer son « statut de star ». « J’ai essayé de kifer, mais je n’y suis jamais arrivé », confie-t-elle au journaliste de l’émission Sept à Huit. « Tout ce que quelqu’un a rêvé d’avoir dans une vie de star », comme elle dit, Diam’s l’a eu. Mais « le silence, l’angoisse et la solitude » ont été des éléments dévastateurs pour la jeune banlieusarde. Le rêve vire au cauchemar. Son paradis est ailleurs.

La révélation

« J’ai toujours été croyante, en un Dieu unique, mais j’avais beaucoup de mal à m’accrocher à Dieu (…) ». Plongée dans une période noire, au milieu des médicaments, des hôpitaux psychiatriques et des tentatives de suicide, Diam’s a eu l’envie de « parler à Dieu ». Issue d’une culture catholique, elle baigne dans un milieu entouré de gens de tous bords. Mais le comportement des musulmans attire son attention. Elle raconte les premiers pas de sa conversion : « Je voyais (les musulmans, ndlr) leur spiritualité (ramadan, etc). Je ne voyais pas trop celle des autres (…) Je suis partie en vacances à l’Île Maurice avec le Saint Coran dans mon sac. C’est un livre que j’ai ouvert en toute simplicité, sans réaliser ce que j’allais lire. Ça a été la révélation parce que j’ai eu l’intime conviction que Dieu existe. »

A propos de son voile, elle s’explique : « Plus je lisais, plus j’étais convaincue. J’ai lu qu’il était préférable pour la femme de rester discrète, pudique (…) Et j’ai lu ce verset sur le voile. Là je me disais que je ne pouvais pas (le porter, ndlr), c’est bizarre. Et je me rappelle avoir marché sur la plage et m’être dit : « Mélanie tu reconnais que Dieu est le créateur du ciel, du soleil, de la pluie. Il te demande ça et tu chipotes ? Allez, on va essayer ». A ce moment-là, je n’avais aucune notion entre l’obligation et la recommandation. Donc, je vais me couvrir. Faire preuve de plus de pudeur (…) ».

Le choc

Diam’s en a voulu à la presse à scandale. Toute la France découvre une photo de la rappeuse voilée, à la sortie d’une mosquée. Ses proches sont au courant de sa conversion, mais ne l’ont encore jamais vue habillée de la sorte. « Ça a été du vol, on m’a volé une partie intime de ma vie (…) Tout le monde a perdu pied, mon entourage proche mais aussi les gens qui travaillaient avec moi. J’ai perdu une grande partie de mon équipe car plus personne n’avait confiance ».

Etait-elle devenue un danger pour son public ? « Quand une jeune fille se convertit, on dit d’elle qu’elle est soit endoctrinée, soit c’est son mari qui l’a forcée. Comme si je n’avais aucune autonomie intellectuelle », explique-t-elle. Alors que ses chansons prônaient l’émancipation et la liberté des femmes, ses détracteurs l’ont accusée de véhiculer une image négative et d’abandonner un combat au profit du voile. Mais ce combat contre les injustices, Mélanie entend le poursuivre : « encore aujourd’hui voilée, je peux me battre pour les femmes et contre les inégalités et les injustices (…) »

Désormais, Mélanie Georgiades, 32 ans, mène une vie épanouie aux côtés de son époux et de sa fille âgée de quelques mois. « Je suis très heureuse. Mon bonheur, on ne pourra plus jamais me le voler ». Son livre, Diam’s autibiographie, aux éditions Don Quichotte, est dans les bacs depuis le 27 septembre.

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