Désormais, les Algériennes osent séduire


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Drapeau de l'Algérie
Drapeau de l'Algérie

La femme, autrefois considérée comme gardienne du temple en Algérie – autrement dit des valeurs culturelles, sociales et religieuses –, a réussi à se libérer de cette conception pour pouvoir faire le choix de l’homme de sa vie. Les femmes osent de plus en plus faire le premier pas, et prendre une part active dans la quête de l’amour. Une évolution qui ne recueille pas l’assentiment général.

Notre correspondant en Algérie

Dans la société algérienne en pleine mutation, la remise en cause de la mixité par des forces occultes en mal d’arguments est une entreprise vouée à l’échec. La femme perce le voile de la phallocratie et part, aujourd’hui, à chance égale avec l’homme à la conquête de l’amour. Les rues des villes algériennes laissent transparaître cette réalité incontournable que beaucoup de femmes saluent et qu’elles doivent aux efforts consentis par leurs congénères dans la voie de l’émancipation.

Les villes algériennes grouillent de monde. Chaque jour que dieu fait, les hommes croisent les femmes et vice versa. Chacun des deux êtres s’efforce de susciter de l’attirance et des sentiments chez l’autre. Mais tout cela dépend des valeurs culturelles, de l’éducation et même du niveau d’instruction. Même si la religion musulmane, que pratique la majorité des Algériens et Algériennes, considère la séduction comme une forme de tentation ou une invitation à commettre un péché par la voie charnelle, rares sont ceux qui s’attachent à cette conception des choses. La séduction est, au contraire, considérée comme une importante étape préliminaire à une relation solide. Nadia, la trentaine, informaticienne de son état, se réjouit des changements que connaissent la société algérienne dans le fond et dans la forme. « Les hommes et les femmes doivent s’attirer, se connaître, s’accepter les uns les autres et pourquoi pas nouer de relations profondes », estime-elle.

Une dérive de la société ?

Toutefois, cette mutation est perçue par les vieilles personnes comme un pas vers la dérive. Elles considèrent que le nouveau style vestimentaire, notamment chez les femmes, est un facteur d’ensorcellement et de dépravation de la jeunesse. Pour elles, dès que les parties érogènes commencent à paraître, tous les jeux sont permis. « Devant une paire de fesses, aucune autre idéologie ne peux retenir les jeunes en pleine folie à la recherche de nouvelles sensations», soutient Ammi Saïd, un sexagénaire de Kabylie.

La séduction est désormais une entreprise tant masculine que féminine, alors qu’autrefois une femme qui osait séduire était fréquemment considérée comme une débauchée. Certes, lorsque les femmes portent des vêtements sexy qui mettent en valeur leur anatomie, la séduction prend plus facilement une tournure active. Et les hommes n’hésitent pas à leur adresser des locutions triviales à tous les coins de la rue. Pour L. Nora, universitaire à Alger, cette évolution n’a rien de dérangeant ni d’inquiétant. « Il est tout à fait normal que les jeunes expriment ouvertement leur sentiments pour peu que cette expression ne prenne pas une tournure obscène », juge-t-il. D’autre part, les hommes aussi reçoivent des compliments de la part des femmes, lesquelles cherchent également de nouvelles sensations. O. Said, par exemple, confie qu’il a été à maintes reprises invité dans des restaurants par des femmes qu’il ne connaît même pas. « Elles osent, elles aussi », tient-il à préciser en constatant « les changements profonds de la société algérienne qui devient de plus en plus passive à l’extravagance ».

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