Des rêves économiques communs pour lutter contre la xénophobie


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Les attaques xénophobes en Afrique du Sud interpellent sur les rêves qui peuvent unir le continent. En effet, les attaques contre les travailleurs migrants ne sont pas un problème sud-africain, mais un problème africain. Ce dernier se traduit par la radicalisation de la jeunesse enrôlée dans des milices ou encore la fuite en avant de centaines d’Africains périssant dans la mer Méditerranée.

L’unité africaine est menacée tout simplement parce qu’elle est construite sur le romantisme de l’histoire et non sur les réalités économiques. Les dirigeants africains prônent l’union dans les forums internationaux, mais ne sont pas désireux de cultiver un rêve économique commun pour tous les Africains sur le continent. Il y a un décalage entre les déclarations et la réalité.

Les scènes horribles des Sud-Africains commettant des boucheries et brûlant d’autres Africains, tout simplement parce que ces derniers les concurrencent dans les emplois et les opportunités économiques, doivent nous forcer à repenser les priorités. Suffit-il d’avoir une peau noire et naître sur le continent pour être qualifié d’Africain ? La xénophobie sévissant actuellement en Afrique du Sud n’est que la partie visible de l’iceberg, conséquence du décalage entre les discours et la réalité. Le continent peut-il tirer des enseignements de l’histoire et définir la voie à suivre ?

Les héritages historiques devraient inciter les africains à participer aux plates-formes économiques pour définir leur propre modèle. Malheureusement, les leaders politiques nourrissent leurs discours des aspects les plus négatifs de l’histoire. La tragédie qui se déroule actuellement en Afrique du Sud est révélatrice des effets pervers d’avoir un pays développé mais des populations exclues. La pression s’accentue lorsque les populations sont cantonnées au rôle de simples spectateurs de la croissance du produit intérieur brut et ne parviennent pas à répondre à leurs aspirations individuelles.

Dans « L’atlas de l’histoire africaine », Colin McEvedy note que : « dans les années 1820, la pression ascendante de la population dans la moitié noire de l’Afrique du Sud a provoqué une explosion de cycles de violence politique, ce qui a été baptisée « mfecane » ou la « période de troubles ». Dans l’œil de la tempête se trouvait le redoutable Shaka (Roi Zoulou). Le « Shaka (Ushaga) a déclenché des mouvements massifs de communautés aussi loin qu’en Afrique de l’Est (les Ngoni). Une étude attentive des schémas migratoires des groupes ethniques en Afrique montre que de tels mouvements sont le plus souvent imputables à la dégradation de la situation économique et occasionnellement à la propagation des épidémies. Les Africains, en particulier les leaders politiques et intellectuels doivent se sortir la tête du sable romantique du passé et affronter la réalité, à savoir l’économie.

Le marché africain de 1,2 milliard devrait être présenté en termes d’opportunités concrètes pour que la jeunesse africaine puisse participer et reprendre espoir. Des initiatives comme le Corridor de développement de Maputo et le port de Lamu (Sud Soudan-Éthiopie), par exemple, devraient impliquer les jeunes dans un engagement proactif pour leur permettre de croire davantage aux opportunités à venir. Les discussions sur l’espace aérien africain ouvert devraient être opérationnalisées dans le sens où elles doivent déterminer comment cette libéralisation va se traduire par une augmentation des opportunités d’emploi dans le secteur de l’aviation, de l’industrie, du tourisme et du commerce intra-africain. Les Africains de bonne volonté devraient lancer des campagnes pour mieux « connaître l’Afrique », notamment grâce à des programmes d’échanges entre jeunes Africains reçus par des familles d’accueil à travers le continent.

L’aversion irrationnelle ou la peur des gens d’autres pays est alimentée par l’approche africaine des États-nations pour verrouiller les populations dans des poches de pauvreté. Si l’Afrique doit agrandir son « gâteau économique », la démocratie doit cesser d’être un moyen de favoriser « la mentalité de troupeau ». Pour être « africain », il faut disposer d’un « Logiciel africain » de type Ubuntu. Le sort de la jeunesse sud-africaine appelle à un réajustement de l’ordre économique pour stimuler la croissance dans l’industrie et réhabiliter l’éthique du travail sur le continent. Chaque Africain doit partager le rêve d’un continent prospère économiquement.

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