Des réfugiés à la reconquête d’eux-mêmes par la danse dans les camps du Tchad


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Le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (UNHCR) dénombrait encore 2,6 millions de réfugiés en Afrique en 2011. Alors que leur situation est censée être provisoire, les réfugiés survivent dans les camps, à l’écart du monde, et pour certains depuis trois générations. Ils doivent quotidiennement faire face non seulement à l’absence de perspectives, mais aussi à une violence exacerbée, qui rend leurs conditions de vie toujours plus difficiles.

Face à cette situation, le chorégraphe tchadien Taïgué Ahmed a eu l’idée incroyable de faire de la danse un outil de médiation sociale et culturelle. Par l’expression corporelle et le dialogue qui s?ensuit, la danse permet, aux réfugiés de se réapproprier leur corps et leurs cultures, de reprendre confiance en eux, et de se découvrir à travers la relation à l?autre. Pour tous, la danse devient un moyen de canaliser les frustrations en utilisant positivement son corps,  pour certains, elle leur permettra enfin d’envisager un avenir loin des camps.

Taïgué Ahmed et sa compagnie sont ainsi allés dans les camps de Moula et Yaroungou, au Sud du Tchad, où vivent 16.000 réfugiés centrafricains, pour donner près de 8 heures de cours quotidiens de danse durant tout le mois de novembre. Au-delà de la pratique physique, ces ateliers sont aussi l’occasion de diffuser des messages de prévention sur la santé (SIDA, hygiène…), de sensibiliser les réfugiés à l’importance de l’éducation, et de dénoncer les violences faites aux femmes, en les encourageant à se responsabiliser et à se prendre en charge.

Ces activités inédites impliquent également les populations locales qui vivent au voisinage des camps, et sont ainsi un moyen de créer des passerelles et une plus grande acceptation réciproque, alors que les tensions intercommunautaires sont récurrentes notamment à propos du partage de terres.

Cette expérience tchadienne constitue la première phase du projet « Refugees on the move » du fonds de dotation français African Artists for Development*. Neuf autres chorégraphes africains suivront l?exemple de Taïgué Ahmed dans des camps de leur pays respectif. AAD entend ainsi créer une chaîne de l’espoir.

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