
Les autorités françaises ont procédé au retrait de poivrons marocains des rayons de vente, après la détection de résidus de pesticides interdits. Cette décision intervient après le signalement de la présence de chlorpyrifos et de thiabendazole à des niveaux largement supérieurs à la limite maximale autorisée de 0,01 mg/kg.
C’est une décision qui découle d’une interpellation du Système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), qui a signalé la présence de chlorpyrifos et de thiabendazole à des niveaux largement supérieurs à la limite maximale autorisée de 0,01 mg/kg. Les analyses effectuées le 28 avril 2025 ont révélé 0,038 mg/kg de chlorpyrifos et 0,039 mg/kg de thiabendazole dans un lot importé du Maroc.
Insecticide neurotoxique interdit dans l’Union européenne
Même si aucun cas de maladie lié à la consommation de ces poivrons n’a été signalé à ce jour, les autorités françaises ont pris des mesures immédiates de retrait et de rappel de poivrons marocains, en particulier de la variété « Beef Horn », tout en informant les autres pays européens. Le chlorpyrifos, insecticide neurotoxique interdit dans l’Union européenne depuis 2020, est particulièrement dangereux pour le système nerveux, notamment chez les enfants. Le thiabendazole, utilisé comme fongicide, est autorisé mais dans des concentrations strictement réglementées.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de cette importation. Et une demande officielle d’information a été adressée par la Commission européenne le 16 mai 2025. Ce n’est pas un incident isolé : les poivrons marocains ont été à plusieurs reprises au centre de préoccupations sanitaires dans plusieurs pays européens. Fin mars 2025, l’Allemagne a retiré un lot de poivrons marocains contenant des niveaux élevés d’Abamectine, un pesticide considéré comme toxique.
Pesticides interdits ou fortement réglementés dans l’UE.
Les concentrations détectées allaient de 0,12 à 0,29 mg/kg, alors que la limite maximale de résidus (LMR) est de 0,03 mg/kg. Ce pesticide, selon le RASFF, est dangereux pour la santé humaine, affectant le système nerveux et pouvant entraîner, à forte dose, une dépression respiratoire mortelle. De manière récurrente, des alertes similaires ont été émises par le RASFF. En juin 2024, une alerte avait déjà été lancée pour un lot de poivrons marocains contenant à nouveau du chlorpyrifos ainsi que de la fenazaquine, un acaricide également interdit.
Les taux détectés variaient entre 0,1 et 0,21 mg/kg, bien au-delà de la limite légale de 0,01 mg/kg. Ces poivrons, refoulés à la frontière espagnole, n’ont pas été commercialisés sur le territoire européen, mais le RASFF avait classé l’incident comme « très grave ». D’autres cas antérieurs montrent la récurrence du problème. En avril 2021, les autorités de la République tchèque ont également retiré des poivrons marocains du marché. Ceux-ci, transitant par l’Espagne, contenaient des résidus élevés de chlophentézine et de méthomyle, pesticides interdits ou fortement réglementés dans l’UE.
Discrédit sur les exportateurs agricoles marocains
Le taux de méthomyle atteignait 0,24 mg/kg (contre une LMR de 0,04), et celui de chlophentézine, 0,11 mg/kg (pour une LMR de 0,02). Le méthomyle est connu pour provoquer des effets secondaires graves tels que nausées, convulsions, troubles respiratoires, voire perte de conscience. La chlophentézine, quant à elle, agit sur les œufs et larves d’insectes, avec une activité résiduelle pouvant durer jusqu’à 12 semaines.
Ces incidents successifs mettent en surface des problèmes récurrents dans les chaînes de production et d’exportation agricoles marocaines. Notamment en matière de conformité aux normes sanitaires européennes. Les autorités sanitaires européennes, à travers le RASFF, renforcent les contrôles aux frontières et accentuent la surveillance sur les produits frais importés. Le manque de traçabilité, la contamination croisée ou l’utilisation persistante de produits interdits jettent le discrédit sur les exportateurs agricoles marocains qui cherchent à maintenir leur accès au marché européen.