Déforestation : La France doit maintenant convaincre l’Union européenne


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Greenpeace salue les engagements pris par le ministre d’Etat Jean-Louis Borloo lors de sa visite en République Démocratique du Congo (RDC) du 22 au 24 mai, à la veille de la Présidence Française de l’Union européenne (PFUE). Il a en effet affirmé avec force sa volonté de soutenir la mise en place d’une réglementation européenne ambitieuse sur le commerce de bois (processus FLEGT) et de promouvoir des outils financiers internationaux pour lutter contre la déforestation, notamment dans le cadre des négociations internationales sur les changements climatiques.

Jean-Louis Borloo et son homologue congolais, José Endundo, ont signé une déclaration commune pour mettre en œuvre des programmes de coopération bilatérale où ils s’engagent à appuyer les capacités des administrations forestières congolaises, de la société civile et des collectivités locales afin de renforcer la gouvernance forestière et lutter contre l’exploitation illégale des forêts.

« Au delà des déclarations d’intentions positives, la France doit maintenant concrétiser ses engagements et financer la mise en place d’une « gouvernance forestière » en RDC. C’est un préalable indispensable pour espérer que la société civile congolaise puisse faire valoir ses droits, que les aires protégées ne soient pas des « coquilles vides » et que les revenus de l’exploitation forestière puissent profiter au plus grand nombre », déclare Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêts à Greenpeace France. « La Présidence française est l’occasion pour l’Union européenne de se positionner comme un acteur responsable et ambitieux en matière de protection des forêts primaires. C’est sur cette base que la France, jusqu’à maintenant acteur de la déforestation, deviendra un acteur de la protection des forêts. »

La France doit mettre à profit les prochains mois pour faire avancer concrètement les dossiers permettant de lutter contre la déforestation et la dégradation forestière.

 Lors de la CBD (Convention sur la Diversité Biologique), la France doit annoncer sa contribution au financement des aires protégées.

 Lors de la Présidence Française de l’Union européenne, elle doit convaincre ses partenaires européens de la nécessité de mettre en place une réglementation ambitieuse sur le bois, incluant un système de traçabilité obligatoire de l’exploitation forestière au consommateur.

 Dans le cadre de la négociation des accords sur les changements climatiques (suite au protocole de Kyoto, post 2012), la France doit soutenir l’adoption de mécanismes financiers internationaux innovants permettant de lutter contre les émissions de carbone liées à la déforestation et la dégradation forestière. La France doit jouer un rôle moteur en vue de l’adoption d’une position européenne ambitieuse dans la lutte contre la déforestation et les émissions de carbone qui en sont la conséquence.

 Dans l’attente des résultats d’une telle négociation, la France doit s’impliquer spécifiquement dans des projets novateurs de protection des forêts.

Les forêts du Bassin du Congo revêtent une grande importance au niveau mondial. Elles couvrent plus de 172 millions d’hectares et constituent ainsi le deuxième plus grand massif de forêts tropicales humides de la planète après la forêt amazonienne. La protection de ces forêts est un enjeu majeur pour la biodiversité et le climat mondial.

Greenpeace estime qu’environ 20 milliards d’euro annuels seront nécessaires pour mettre un terme à la déforestation dans le monde. Cet effort de financement apparaît comme étant faible lorsqu’on sait que 20% des émissions mondiales de CO2 proviennent de la déforestation et contribuent d’autant au réchauffement climatique. Il est d’autant plus faible au regard de la valeur inestimable de la diversité biologique contenue dans les dernières forêts tropicales de la planète.

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