De la gestion maladroite du terrorisme par la France


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Police France

Les discours va-t-en-guerre d’une certaine classe politique et d’une intelligentsia obscurantiste ne feront malheureusement qu’empirer une situation que des criminels se réclamant de l’islam ont fini d’installer.

Thierno Bocoum
Thierno Bocoum

Le recours à la violence et aux assassinats au nom d’une religion sont à dénoncer vigoureusement et à sanctionner froidement. Les extrémistes ont toujours menacé le monde dans sa diversité raciale et religieuse. Leurs colis piégés et leurs rafales de balles n’épargnent ni les territoires musulmans ni les personnes de confession musulmane. En réalité, personne n’est épargné par leurs actes aveugles et barbares.
Ils se défoulent pour satisfaire un ego sanguinaire et ne sont mus que par des objectifs politiques qu’aucune religion ne saurait adouber.

L’hypocrisie, l’exclusion, l’injustice, la stigmatisation et le racisme ont malheureusement été les terreaux fertiles à l’endoctrinement et au recrutement de djihadistes, surtout des jeunes des banlieues françaises laissées en marge de cette société.

Les personnalités politiques françaises se livrent pour l’essentiel à la course pour la conquête des voix d’un électorat désorienté et désabusé. Ils surfent sur la peur et sur la colère pour étaler au grand jour leur populisme et leur démagogie.

Si la liberté d’expression peut tout permettre pourquoi le Président Macron, qui déclare que « nous n’arrêterons pas les caricatures », n’a-t-il pas brandi ipso facto une caricature pour donner l’exemple d’une liberté d’expression assumée ?

Pourquoi ceux qui s’égosillent sur les plateaux de télévisions avec un discours qui véhicule des ressentis personnels et totalement décalés de la réalité ne font pas de caricatures ou en exposer devant les caméras de télévisions sous leur visage de furieux ?

Ils encouragent tous ce qu’ils ne feront jamais. Ils sont bien conscients que ça blesse, ça humilie, ça stigmatise, ça provoque… Au nom de quelle liberté d’expression ? La liberté d’expression, on y croira quand on verra courir les rues la publication par un journal de l’image d’un chef d’Etat nu. Pourquoi pas, une étoile sur une fesse.

Quel est l’intérêt de demander la poursuite des caricatures sans avoir le courage d’en faire ou d’en publier si ce n’est pour satisfaire une démarche populiste ?

Pourquoi demander à son peuple de continuer à blesser un pan entier de la société française après avoir lourdement condamné l’humoriste Dieudonné pour un sketch jugé antisioniste ? On ne peut pas rire de tout, pensaient-ils, en l’espèce…

Pourquoi demander que la moquerie sur le Prophète de l’Islam se poursuive quand, au même moment, on condamne tout propos n’allant pas dans le sens d’autres communautés médiatiquement mieux introduites ?

Le pays au 1000 musées, 44 000 monuments historiques,186 Villes et pays d’art et d’histoire, 212 maison des illustres, des services d’archives et plus de 800 sites patrimoniaux manquerait-il d’attention culturelle pour ne pas comprendre que le Prophète Mouhamad (PSL) est pour les musulmans le meilleur des hommes que la terre n’ait jamais connu ?

En faisant de l’injure un délit pour protéger les victimes, quel sort pour les victimes de caricatures de leur prophète ? Ne sont-elles donc pas de véritables victimes malgré la place qu’occupe le prophète de l’Islam dans leur cœur ?

Le Tribunal de grande Instance de Paris avait considéré, en 2007, que le fait de vendre sur Internet des t-shirts sur lesquels étaient inscrits des propos homophobes constituait une injure publique à l’encontre des personnes homosexuelles.

Pourquoi alors le fait de caricaturer le prophète de l’Islam ne devrait-il pas être considéré comme une injure publique à l’encontre des musulmans ?

Il y a apparemment une volonté délibérée de porter préjudice à une religion, d’essayer d’humilier ses fidèles membres.

Pour donc la France, un bon musulman est un musulman qui a enfoui toute idée d’opposition et qui s’inscrit dans une posture de béni oui-oui sinon il aurait enjambé les limites de l’islamisme. Quel triste sort réservé à des citoyens français ! Quel traitement injuste !

Elite politique et intellectuels français, en quoi pensez-vous que votre forme d’indignation à géométrie variable, selon la tête du client, devrait-elle être acceptée par la communauté musulmane sans rechigner ?

Votre notion de séparatisme que vous combattez chez vous, vous l’avez allègrement installée chez les autres en ayant vos propres écoles, vos propres lieux de rencontre différents de ceux des autochtones…

Pensez-vous que la culture française est supérieure aux autres cultures ? Pourquoi ce débat n’existe-pas chez vos voisins anglais ?

Votre forme de liberté, vous en faites un sujet de conquête en imposant des débats dans d’autres pays sur notamment des questions liées à l’homosexualité et même sur le nombre d’enfants à avoir dans un couple…

Les musulmans de France sont le désarroi total et l’incompréhension : en plus d’être quotidiennement humiliés, ils sont malmenés entre des volontés contradictoires mais exigeantes.

On leur demande de ne pas étaler de signes distinctifs d’appartenance à leur religion tout en exigeant qu’ils dénoncent les actes terroristes en tant que musulmans et non en tant que Français.
Ils subissent la double peine. Ils sont entre le marteau des intégristes qui ne cessent de dévoyer leur religion pour satisfaire des ambitions souvent politiques et l’enclume d’un État populiste.

Les décisions injustes et ridicules contre les musulmans ne feront que renforcer les arguments des lâches terroristes face à une jeunesse désemparée et stigmatisée.

L’Etat français met le monde en danger à travers sa gestion maladroite du terrorisme marquée par une stigmatisation de la religion musulmane.

Par Thierno Bocoum, président du mouvement AGIR

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