Darga chante la révolte des jeunes Marocains


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Voilà le meilleur album de musique représentant la nouvelle scène musicale au Maghreb que nous ayons entendu ces dernières années. Darga (« cactus » en marocain) sort, 3 ans après le premier, un deuxième album absolument formidable : Stop Baraka. Un disque plein d’énergie, de bonne humeur, de mélanges des styles musicaux les plus divers – reggae, gnawi, rock, jazz, rap, raï, funk, ska,.. – et, surtout, plein de chansons aux paroles explosives, telles qu’on a rarement l’occasion d’en entendre dans ces pays où la parole publique reste bâillonnée…

Le groupe Darga, créé en 2001, de 10 artistes, anciens étudiants des Beaux-Arts, aujourd’hui musiciens confirmés, se présente comme « agitateurs-provocateurs »: « nous sommes ce cactus qui résiste à tout », plaident-ils, tout en se voulant « porte-parole de la jeunesse marocaine ». Et c’est toute la révolte des jeunes Marocains – du peuple marocain – que portent leurs chansons: « Ouled Chaab Sound System » se nomment-ils aussi (Ouled Chaab signifie « Enfants du peuple »). Car cette bande de jeunes n’a pas froid aux yeux. Qu’on en juge: « Rich' » dénonce les nouveaux riches aux fortunes douteuses: « Ils sont devenus riches », clament-ils en français, tout en dénonçant en arabe ceux qui se croient au-dessus des lois, qu’ils s’enivrent de whisky Chivas ou exigent le droit de cuissage sur la femme d’un employé… Tout cela sur rythme de reggae, devenu symbole universel du cri de révolte des laissés-pour-compte partout sur la planète.

Dans « Kbala », en français: « Ils disent patience demain ça ira mieux/Vite demain c’est tout de suite 2008/Les frigos et les urnes sont toujours vides/Et les cerveaux toujours en fuite/Il y en a qui cherchent du travail depuis 1998…Stop Baraka évoque « les délits d’initiés », « la corruption et les dessous-de-table », « le pouvoir de l’argent et celui des notables ». Bref, Darga a décidé de prendre les armes en musique et en paroles, pour éveiller les consciences et dénoncer tout ce qui ne va pas, à la manière dont Bob Marley chantait – en étant entendu du monde entier – la révolte de son peuple opprimé, ou dont l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly chante « Mon pays va mal, mon pays va mal… ».

Et l’on se prend à rêver d’un monde arabe où la parole, devenue enfin libre, sans journalistes emprisonnés ni journaux fermés, laisserait la place à des critiques et accusations. Ce qui serait plus sain que les révoltes étouffées de millions d’individus qui ne trouvent plus que des discours religieux pour les canaliser… et qui finissent parfois par exploser de manière bien plus violente que les paroles les plus dures…. Bravo Darga pour votre courage… et votre pêche !

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