Dakar reprend les commandes d’Air Sénégal international


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Les autorités sénégalaises ont annoncé mardi qu’elles reprenaient le contrôle d’Air Sénégal international à leur partenaire majoritaire, la Royal Air Maroc, après des pertes financières importantes enregistrées ces dernières années. La crise, latente depuis 2004, avait éclaté en mars dernier lorsque les agents d’ASI s’étaient mis en grève.

Farba Senghor, le ministre sénégalais des Transports Terrestres et Aériens, s’est voulu direct, ce mardi, lors d’une conférence de presse à Dakar sur la situation de la compagnie sénégalo-marocaine Air Sénégal International (ASI). « Il a été constaté que la gestion d’Air Sénégal International par la partie marocaine a enregistré une perte accumulée de plus de douze milliards de Francs CFA en fin 2005 et plus de onze milliards pour le seul exercice 2006, a-t-il expliqué. Cette perte est due essentiellement à des factures tardives de la Royal Air Maroc des exercices précédents non provisionnés par Air Sénégal International, alors que les états financiers étaient régulièrement approuvés par le conseil d’administration. »

Compte tenu « des limites de la Ram (Royal Air Maroc) dans la gestion financière de la compagnie », et après avoir rencontré les responsables de la compagnie publique marocaine dans un climat fraternel, selon lui, ce 29 octobre, « le Sénégal a décidé de reprendre en main la gestion d’Air Sénégal international (Asi) ».

L’assemblée générale des actionnaires d’ASI prévue ce jeudi devra entériner la recapitalisation de la compagnie par le seul Etat sénégalais, ce qui fera passer ses parts de 49 à 75%, contre 25% à la Ram. Un comité mixte débutera ses travaux le 5 novembre prochain pour « étudier les modalités de recomposition du capital de la société, du transfert de la gestion de la Ram vers l’Etat du Sénégal et du transfert éventuel des garanties en cours ainsi que des modalités du maintien du partenariat technique ». Il pourrait décider

Le spectre d’Air Afrique

Ces décisions, a expliqué Farba Senghor, ont été prises « sur proposition de la partie marocaine ». Le ministre sénégalais fait référence aux trois offres que le directeur de la Ram, Driss Benhima, a faîtes à la partie sénégalaise, en mars dernier, lorsque les agents d’ASI se sont mis en grève : le dépôt de bilan, le retrait pur et simple de la Ram ou la mise en place de mesures de redressement avec un retour de la confiance. Dakar avait rejeté la possibilité d’un dépôt de bilan et opté pour un plan de redressement, dont la réalisation ne lui a apparemment pas donné satisfaction.

ASI emploie actuellement 450 personnes et 150 intérimaires (chiffres L’Economiste, pour une flotte de quatre avions. Présentée comme un modèle de coopération entre deux pays africains lors de son lancement en 2001 (1er vol, création en 2000), elle a commencé à connaître des turbulences en 2004. Un premier plan de redressement adopté deux ans plus tard prévoyait un ralentissement de l’activité de la compagnie, avec le retrait d’un appareil et la suppression des dessertes de Milan et Accra, ainsi qu’une réduction des effectifs. Après le drame social qui a suivi la liquidation d’Air Afrique, cette partie a eu particulièrement de mal à passer au Sénégal.

Farba Senghor a d’ailleurs annoncé qu’« environ deux cent vingt ex-travailleurs » de la compagnie continentale, ceux dont les arriérés d’indemnisations vont jusqu’à deux millions deux cent mille Fcfa, vont être indemnisés vendredi prochain « grâce à un fonds social que le Président de la République a mis en place ».

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