Dakar qui rit, Dakar qui pleure


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Pour la première fois dans l’histoire du célèbre rallye, deux continentaux ont remporté une « spéciale » du Dakar. Le Franco-malien Alain Duclos s’est imposé en moto (KTM) tandis que le Sud-africain Giniel De Villiers triomphait en auto (VW) sur la 11e étape du Dakar 2006 : Kayes-Bamako. Mais si la joie est à la mesure de l’exploit, le Dakar rugissant a aussi semé la mort sur son passage.

Historique. 231 kilomètres de pistes étroites et poussiéreuses à travers un enchaînement continu de forêts et de savanes constituaient la « spéciale » de la 11e étape. Pourtant, mercredi 11 janvier au Mali, deux Africains ont triomphé de toutes les difficultés. Un fait sans précédent dans la longue histoire de la course. A l’inverse, la mort d’un garçonnet de 10 ans, ce vendredi, rappelle toute l’ambivalence d’un Dakar très controversé.

Oui, l’Afrique possède des pilotes : Alain Duclos et Giniel De Villiers ont remporté, à Bamako, la 11e étape du Dakar 2006. Le Franco-malien s’est imposé sur le circuit moto tandis que le Sud-Africain l’a emporté en auto. Né à Bamako d’un père français et d’une mère malienne, Alain Duclos (7e au classement général) est le premier pilote originaire d’Afrique noire à remporter une « spéciale » sur le Dakar. Quant à De Villiers, qui remporte ici sa quatrième « spéciale », il en profite pour progresser au classement général (2e à 22 minutes du leader Stéphane Peterhansel). « Deux Africains vainqueurs sur le Dakar, c’est une bonne nouvelle », a-t-il commenté. Deux étapes plus loin, nos deux as du volant sont toujours parmi les 10 premiers du classement.

Drame et conjectures

Mais une fois de plus, un drame frappe le Dakar. Un garçon d’une dizaine d’années est décédé vendredi après avoir été heurté par le véhicule numéro 420, peu après le départ de la 13e et avant dernière étape à Labé, en Guinée. « Le garçon, Boubacar Diallo, venu avec ses parents assister au passage du rallye, a été heurté alors qu’il traversait la route, a précisé l’organisation du rallye-raid. Immédiatement secouru par les équipes médicales du rallye, le garçonnet est malheureusement décédé au cours de son transport en hélicoptère vers Labé. » Mais une question se pose : l’accident a eu lieu en dehors d’un village, dans une montée où le véhicule était seul et n’avait donc pas de problème de visibilité lié à la poussière. Que s’est-il passé alors ? Selon des témoins, le petit Boubacar a voulu traverser pour suivre sa mère lorsque l’Oscar 4×4 de l’équipage letton a surgi à environ 130 km/h, ne laissant aucune chance au petit garçon. On imagine difficilement la violence du choc. Saukans et Dambis se sont arrêtés à environ 200 mètres de l’impact.

Rappelons que lundi dernier, le motard australien Andy Caldecott est décédé d’une chute survenue dans la 9e étape entre Nouakchott et Kiffa (Mauritanie). Un raid, deux morts, plusieurs blessés. Si la beauté de la compétition sportive et mécanique est un argument souvent utilisé par les défenseurs du rallye, la destruction des écosystèmes, le faiblesse des indemnisations octroyées aux populations présentes sur l’itinéraire et la trentaine de victimes depuis la création du Paris-Dakar en 1978 sont autant de faits incontestablement défavorables à la course. Lorsque l’harmattan, ce vent d’Est soufflant du Sahara se lève, les traces sont effacées sur la piste et les repères disparaissent… A méditer.

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