Crise en Centrafrique : Bozizé « veut plonger le pays dans le chaos »


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Une délégation de la rébellion du Séléka est arrivée lundi soir à Libreville, la capitale du Gabon, pour participer aux négociations, prévues pour ce mardi, qui risquent de s’ouvrir demain, car le pouvoir centrafricain et son opposition devaient quitter ce matin Bangui. Alors que les combats n’ont pas cessé. Les rebelles ont, en effet, pris deux nouvelles villes de Alindao et Kouango, et réclament par ailleurs l’exclusion du président Bozizé des pourparlers. Une atmosphère délétère ponctuée par l’arrivée des militaires sud-africains, venus renforcer les Forces armées de la Centrafrique (FACA).

Des négociations de façade ? Les pourparlers entre la rébellion, le gouvernement centrafricain et l’opposition politique s’annoncent compliqués. Et pour cause, toutes les conditions ne sont pas réunies. Les combats font toujours rage et les rebelles réclament toujours le départ du président François Bozizé. Une délégation de la rébellion, composée d’une quinzaine de personnes et dirigée par le chef du Séléka Michel Djotodia, a quand même tenu à faire le déplacement à Libreville, la capitale du Gabon, pour participer aux tractations, prévues pour ce mardi.

« On ne fait pas la guerre sans pour autant chercher la paix », a affirmé dans une brève déclaration à l’AFP à N’Djamena le chef du Séléka Michel Djotodia. Même son de cloche du côté du président congolais, Denis Sassou Nguesso, qui joue le rôle de médiateur pendant ces négociations : « Nous devons œuvrer inlassablement à la consolidation de la paix en République Centrafricaine, en amenant le gouvernement et la rébellion armée au dialogue ». Un message qui semble avoir fait écho dans les oreilles du gouvernement de la Centrafrique. « Nous partons sereins (…) à une grande rencontre entre Centrafricains pour nous pencher sur les problèmes de notre pays et rechercher des solutions pour la paix et le développement », a déclaré à Bangui à l’AFP le chef de délégation du gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, Jean Willybero Sako.

La guerre continue

L’opposition centrafricaine entend, cependant, faire entendre sa voix. Malgré son optimisme affiché, elle continue de fustiger le président François Bozizé. Il « veut plonger le pays dans le chaos », a dénoncé l’avocat Tiangaye Nicolas. « Le préalable à ce dialogue est et demeure la démission immédiate et sans condition de François Bozizé de la tête de l’État centrafricain. Ce préalable est non négociable », renchérit Guy-Simplice Kodégué, porte-parole du Front républicain pour l’alternance et la paix (FRAP), la frange politique et parisienne de la rébellion.

Ces dissensions ne viennent qu’aggraver l’atmosphère tendue de ces négociations tripartites. Qui semblent fragiles : pas plus-tard que lundi les combats faisaient rage, les rebelles ont même pris les villes de Alindao et Kouango. Ils ont même osé braver partiellement l’ultimatum de la Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC) en s’approchant de près, à 12 km, de Damara, ligne rouge à ne pas franchir fixée par le Tchad. Les assaillants possèdent par ailleurs Bambari, le fief de l’ethnie du président François Bozizé. « Si Bozizé refuse de partir, c’est l’affrontement ! Les choses peuvent aller jusqu’à l’affrontement car les rebelles n’auront plus rien à perdre. S’ils ont pris les armes ce n’est pas pour entrer dans le gouvernement au pouvoir », confie à Afrik.com Lydie Boka, spécialiste de la Centrafrique et manager du site Strategico.fr.

Les négociations, prévues pour ce mardi, ne s’ouvriront
que « le 9, 10 ou le 11 » janvier, a prévenu le président congolais Denis Sassou Nguesso, qui a reçu François Bozizé lundi à Brazzaville. Ces négociations, si elles ont lieu, risquent de déboucher sur un échec, au quel cas l’éventualité d’une guerre n’est pas à exclure, d’autant que l’armée centrafricaine bénéficie désormais de l’appui des 400 soldats sud-africains.

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