Crise en Centrafrique : Bozizé en Afrique du Sud


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Après la chute des villes du centre-nord, à savoir Bouca et Batangafo jeudi et la ville de Bossangoa ce vendredi matin, les combattants du Séléka ont franchi la « ligne rouge » érigée par les Forces multinationales de l’Afrique centrale (FOMAC), la ville de Damara, située à 75 kilomètres de Bangui, la capitale centrafricaine. Ce qui a provoqué la fuite du président Bozizé en Afrique du Sud.

(De notre correspondant, à Bangui)

Un villageois du village Leya, joint au téléphone par Afrik.com, nous a confirmé avoir vu des convois des éléments du Séléka, en provenance de Damara, qui se dirigeaient vers Bangui, la capitale centrafricaine. « Six véhicules remplis d’hommes lourdement armés du Séléka ont fait irruption dans notre village. Ils foncent à destination de Bangui tout en faisant des signes de victoire à la population. Ils nous ont demandé de rester tranquille », nous a-t-il confié. Les autorités de Bangui, notamment le ministre délégué à la Défense nationale qui a fait une déclaration pour demander à la population de garder son calme, a avoué que la ville de Damara, située à 75 kilomètres de Bangui, est sous le contrôle du Séléka et ce, sans aucune intervention des éléments des Forces multinationales de l’Afrique centrale (FOMAC), qui devaient empêcher les Forces de la Centrafrique (FACA) et les rebelles de franchir cette ligne rouge.

Bozizé en Afrique du Sud

La prise de Damara porte à quatre le nombre d’importantes villes de la Centrafrique reprises par les rebelles du Séléka. Le 21 mars, ce sont les villes de Bouca et Batangafo qui ont été investies, avant la fin de l’après-midi. Les villes de Bossangoa et Damara sont tombées ce vendredi dans les mains de la rébellion.

Signalons que cette nouvelle situation a poussé le président Bozizé à fuir le pays pour se rendre en Afrique du Sud, pour rencontrer son homologue sud-africain, le président Jacob Zouma. Officiellement, ce voyage rentre dans le cadre de la coopération bilatérale entre la République centrafricaine et l’Afrique du Sud, en vue d’une probable intervention sud-africaine dans les combats aux côtés des FACA pour venir à bout de la nouvelle menace Séléka. Puisque l’avancée des rebelles semble irrésistible. Ils n’ont pas encore enregistré un seul échec.

Le fait que Bozizé se tourne vers l’Afrique du Sud au lieu de se confier aux Forces multinationales de l’Afrique central (FOMAC) corrobore l’information selon laquelle la ville de Damara a été reprise par le Séléka, sans l’intervention de ces forces censées s’interposer entre les Forces de la Centrafrique (FACA) et les rebelles ; afin de permettre la mise en œuvre des accords de Libreville signés le 11 janvier 2013.

Aujourd’hui, rien ne reste de ces accords, étant donné que le séléka s’est dit exaspéré du jeu de cache-cache du président Bozizé qui n’a pas manifesté, selon la rébellion, la bonne volonté d’appliquer lesdits accords. Même si le président Bozizé a estimé que les décrets, qu’il a signés à la veille de l’expiration de l’ultimatum du séléka, relatif à l’enlèvement des barrières illégales et la libération des prisonniers politiques, est un signal fort qu’il donne pour satisfaire la coalition rebelle sur ses onze revendications ; cela n’est pas perçu comme tel.
Au contraire, les combattants considèrent comme « tardif » cet acte qui aurait pu, s’il était posé à temps utile, épargner à la République centrafricaine cette recrudescence de la crise. Une partie des éléments du Séléka contrôle la ville de Bossangoa, le fief du président Bozizé. Quant aux rebelles qui ont traversé la ligne rouge de Damara, ils foncent vers Bangui.

Personne ne sait ce que les troupes du Séléka réservent à la population et au pouvoir de Bangui.

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