Covid-19 et mesures d’isolement : le Tchad rame à contre-courant


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Le Président du Tchad, Idriss Déby
Le Président du Tchad, Idriss Déby

L’augmentation soutenue du nombre de personnes contaminées au Coronavirus a obligé le gouvernement tchadien à décréter l’solement des grandes villes des autres régions du pays. Cette décision intervient au moment où la plupart des pays africains sont en train de passer à l’étape du déconfinement.

Pour compter de ce jour, vendredi 8 mai, N’Djamena et les autres grandes villes du Tchad sont isolées du reste du pays. La raison de cette décision, l’augmentation du nombre de victimes du Coronavirus ; le pays compte, en effet, 253 cas de personnes contaminées, 50 guérisons et 27 décès. Cette décision, valable pour deux semaines et susceptible de reconduction, interdit les déplacements inter-urbains sauf pour les véhicules transportant des marchandises et ceci seulement à partir de 22 heures, soit deux heures après le début du couvre-feu allant de 20 heures à 5 heures du matin.

« L’arrêté 38 qu’on vient de signer prend en compte tous les chefs-lieux de provinces et la ville de Ndjamena, c’est-à-dire toutes nos villes. C’est pour empêcher la circulation du virus, qui est très contagieux. (…) Ce sont des mesures pour empêcher le virus de voyager », confiait à RFI, le ministre tchadien de la Santé publique, Mahmoud Youssouf Khayal. Ce faisant, le Tchad emprunte le chemin inverse à celui de la majorité des pays du continent où on en est plutôt au déconfinement progressif, en tout cas, à l’allègement des mesures drastiques mises en œuvre jusque-là.

Certains observateurs tchadiens estiment que le gouvernement a manqué de tact dans la gestion de cette crise sanitaire. « Je crois que par rapport à la fermeture des frontières, ils ont été quelque peu laxistes. Quelques vols ont eu lieu, des gens sont descendus sans être mis en quarantaine. Je crois que ça s’imposait pour ne pas que l’arrière-pays soit exposé. Au vu de ce qui se passe à N’Djamena, on peut dire que la maladie est là », a déclaré Max Loangar, président de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH).

Pour Antoine Sougnabe Misset, coordonnateur de l’action citoyenne contre le Covid-19 (A3C), cette mesure d’isolement des villes « va compliquer les opérations de secours entre les villes, les échanges. Cet arrêté va causer beaucoup plus de mal que du bien à la société tchadienne ».

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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