Côte d’Ivoire : Ouattara s’enlise davantage


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Le Président ivoirien, Alassane Ouattara
Le Président ivoirien, Alassane Ouattara

En se positionnant pour un troisième mandat, Alassane Ouattara s’est engagé sur le chemin de tous les dangers et de toutes les glissades possibles. Et en procédant à l’arrestation des opposants, il s’enfonce davantage, et tout le pays avec lui.

Lorsque le Président Alassane Ouattara a cédé à la tentation du troisième mandat, il a, sans conteste, ouvert la boîte de Pandore, dans un pays à la stabilité déjà fragile, chancelante et vacillante. Et nous avons vu ce que cette seule décision a entraîné comme conséquences dans le pays, en termes de pertes en vies humaines, d’actes de vandalisme, et j’en passe. Toutes choses qui auraient pu être évitées si la sagesse avait primé sur l’instinct de conservation du pouvoir vaille que vaille ; si le respect des textes républicains, dont on a soi-même contribué à l’élaboration ou à l’adoption, avait pris le pas sur la propension à la violation de ces textes.

Il faut bien le dire : le seul responsable de ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire, c’est bien Alassane Ouattara, lui-même. De la même manière, il est le détenteur des clefs pour sortir son pays de l’impasse. Or, en se lançant dans des poursuites contre les leaders de l’opposition, au lieu de poser des actes d’apaisement après qu’il a fait sauter tous les verrous pour se tailler une Constitution sur mesure et forcer sur sa réélection contestée, Alassane Ouattara ne fait que jeter de l’huile sur le feu ; il ne fait que maintenir la Côte d’Ivoire dans le sillage de l’insécurité et de l’instabilité devenues, depuis les années 2000, des problèmes persistants dans ce pays qui, autrefois passait pour un parangon de stabilité.

Ceci d’autant plus que depuis 2011 où il préside la Côte d’Ivoire, avec des accomplissements certains, du reste unanimement salués, au point de vue des avancées économiques, le Président ivoirien se voit souvent reprocher un échec total au plan de la réconciliation nationale. En effet, les deux mandats passés à la tête de la Côte d’Ivoire n’ont pas été utilisés par Alassane Ouattara pour essayer de réconcilier un pays sorti meurtri du conflit post-électoral de 2010 qui a fait plus de 3 000 morts. Les factions rivales de 2010 continuent de se regarder en chiens de faïence, dix ans plus tard.

Dans ces conditions, les actes d’apaisement devraient être le leitmotiv d’Alassane Ouattara après cette réélection. Hélas! pour l’instant, le Président ivoirien préfère la brutalité de la force qui n’aura autre conséquence que d’enliser davantage la situation du pays. Je voudrais conclure mon propos avec cette réflexion de Jean-Jacques Rousseau : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir ».

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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