Côte d’Ivoire : mobilisation lycéenne


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Abidjan, Lycée Sainte Marie d’Abidjan, la cellule anti-MST-Sida dirigée par des lycéennes fait de la prévention en milieu scolaire. 30% des malades ivoiriens ont moins de 30 ans.

Lycée Sainte Marie d’Abidjan, mardi, la cloche sonne 12h20. Les lycéennes se ruent vers la sortie, entres autres pour se nourrir, le plus rapidement possible pour certaines. Elles doivent assister à la réunion de la cellule scolaire anti-sida et MST (maladies sexuellement transmissibles), section Ste Marie. La cellule est animée par les dix membres du bureau et les quatorze adhérentes.

La réunion qui s’achèvera quelques minutes avant la reprise des cours de l’après-midi est l’occasion de discuter des activités à venir et en cours dont le point clé est la journée mondiale du sida, le 1er décembre. Décembre est aussi le mois de rentrée de la cellule. Le message de la cellule concerne les jeunes filles de la 4ème à la terminale puisqu’il s’agit d’éducation sexuelle.

Cette année, elle aura coïncidé avec la journée portes-ouvertes du lycée. Ce jour là, des rubans rouges-fabriquées, par la section, seront vendus et des préservatifs distribués aux parents.

Des activités multiples dans le cadre de la prévention

Pour financer ses activités, la section a rassemblé près de 1 500 FF constitués de dons de professeurs et des ventes réalisées lors de séances cinématographiques ou encore de la journée portes ouvertes. C’est cet argent qui a été utilisé pour acheter les dons distribués lors de la visite à Treichville et à Marcory. Une occasion de rencontrer des enfants malades ou orphelins du fait du sida au total. A la fin de l’année, 900 FF ont été déposés au département des maladies infectieuses du centre hospitalier universitaire de Treichville

L’activité de la cellule s’est aussi déclinée en conférences auxquelles prennent part des malades du sida. Ce sont aussi des échanges avec d’autres établissements d’Abidjan comme le lycée classique, le lycée Jean Bosco.

Quand on demande à Aké Laéticia si elle pense que l’action de la cellule porte ses fruits, elle répond :  » Le moins que l’on puisse dire c’est que les filles du lycée sont bien informées en comparaison de jeunes filles de leur âge. De plus, les plus petites s’approchent de moi pour me poser des questions.  »

La section du lycée Ste Marie d’Abidjan fait partie de la cellule de scolaire anti-MST-SIDA (CESAM) comme d’autres d’Abidjan ou de l’intérieur du pays. L’initiative est ivoirienne et se justifie alors que son activité depuis 1996 – année où elle a perdu le financement régulier que lui accordait l’Union européenne – s’étiole, affirme le Dr Fampou Toundji, responsable du projet CESAM.  » L’exemple du centre de réhabilitation de Divo est probant. Il a du mal à démarrer faute de financement « , rappelle celui-ci.

Des sections de moins en moins motivées

Il est certain que les lycéens sont moins motivés quand il s’agit de sortir l’argent nécessaire à la mise en oeuvre des projets de la cellule. A Ste Marie, les membres du bureau ont une cotisation mensuelle de 500 F CFA contre 300 F CFA pour les adhérents.

« Les lycéens y consacrent déjà de leur temps », constate le Dr Fampou Toundji. Par ailleurs, au sein des sections, le flambeau n’est souvent pas bien transmis par des élèves souvent en fin de cycle secondaire (1ere, Tle).

Leur départ sonne le glas du dynamisme de la cellule. Les aides financières ponctuelles – comme celles de la direction de l’extra-scolaire du ministère ivoirien de l’éducation et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) – dans le cadre de la santé reproductive et sexuelle chez les jeunes et les adolescents – assurent donc difficilement la pérennité d’une action nécessaire.

En 1999, selon le rapport épidémiologique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la Côte d’Ivoire, la moitié de la population appartient à la tranche 15-49, soit 6 807 âmes. Sur ce total, on compte 730 000 personnes qui vivent avec le virus du sida (HIV), soit environ 11% de cette population. Le pic d’âge de séroprévalence correspond à la tranche 20-24 avec un taux de 12%, qui correspond aussi à la tranche d’âge médiane du premier rapport sexuel. Par ailleurs, sur la période 1996-1998, 2,7% des cas de sida appartiennent à la tranche 15-19 et 28,2 pour celles allant de 20 à 29 ans. Les femmes sont les plus concernées dans ces deux classes d’âge puisqu’elles représentent 6,1 des 15-19 et 43,2% des 20-29.

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