Côte d’Ivoire: le numérique, une force motrice


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Le dernier rapport du cabinet Deloitte du 6 mars dernier confirme que le numérique en Côte d’Ivoire bénéficie de la croissance économique générale, telle que soulignée par le dernier rapport de la Banque Mondiale.

Des voyants économiques au vert

Ya foye signifie tout va bien, en nouchi. Et tout semble bien aller pour la Côte d’Ivoire. C’est ce que révèle le dernier rapport de la Banque Mondiale à propos des perspectives économiques de la Côte d’Ivoire qui est, selon lui, «aux portes du paradis».

Économiquement pourtant, la Côte d’Ivoire n’a pas toujours connu des temps calmes. Mais le gouvernement d’Alassane Ouattara a appris à naviguer en eaux troubles et à anticiper suffisamment l’avenir pour tirer profit des embellies.

Le déficit du pays, s’il est en légère hausse (de 47% à 50% du PIB entre 2016 et 2017), n’a pas freiné une croissance , la quatrième mondiale et la seconde du continent africain, estimée à 7,6% du PIB pour 2017.

Si la Banque Mondiale reste sur ses gardes et pointe une économie encore majoritairement agraire et centrée sur l’Etat, elle remarque que le pays a su profiter de bonnes circonstances climatiques, d’une politique monétaire sage de la BCEAO et d’une certaine stabilité des investissements directs étrangers (230 millions en 2017).

Le numérique, en pleine expansion

Si le rapport de la Banque Mondiale pointe la nécessité pour le pays d’établir un rattrapage technologique, la réalité est beaucoup moins alarmante. Les investissements du gouvernement dans le domaine numérique ont été continus ces dernières années. Ce sont 152 millions d’euros débloqués en 2015, sous la direction du ministre de la Communication et des TIC, Bruno Koné, afin d’équiper le pays en fibre optique. Bruno Koné estime que «Le numérique peut être un catalyseur et parfait accélérateur vers la marche des pays vers le développement, vers l’émergence. Notre présent est fortement marqué par le numérique qui se trouve à chaque étape de notre vie dans la production, dans le divertissement, les relations personnelles, dans la gouvernance de nos États.»

Ces investissements portent aujourd’hui leurs fruits. Une opération dont le slogan ambitieux, «un Ivoirien, un ordinateur,» a conduit à la mise en place d’une infrastructure solide. Pour Alassane Ouattara, le numérique est l’occasion de diversifier l’économie de la Côte d’Ivoire. « «Selon diverses études réalisées par l’Union Internationale des Télécommunications et la Banque Mondiale, pour un pays comme la Côte d’Ivoire où le nombre d’abonné à la téléphonie mobile est passé de 16 millions en 2010 à 21 millions en 2015, une progression de 10% du nombre de personnes ayant accès à internet haut débit peut générer un accroissement du Produit intérieur brut (Pib) de 1 à 1,4 points par an» ». ajoute-t-il. D’ailleurs, le 14 Mars la Standard Chartred Bank a lancé une banque entièrement digitale.

C’est également en ce sens que va le rapport du cabinet d’audit et de conseil, Deloitte. Dévoilé le 6 mars 2018 à propos des tendances du secteur des Technologies, Medias et Télécommunications le rapport «TMT Prédictions 2018» montre des signes encourageants en Côte d’Ivoire.

« Nos prévisions ainsi que leurs réalisations nous permettent d’observer que l’économie numérique en Côte d’Ivoire n’est pas en reste de la dynamique d’évolution des technologies et des usages digitaux au niveau mondial… Nous sommes particulièrement fiers de constater que nos prédictions se sont constamment affinées de sorte que leur taux de réalisation est passé de 60% en 2008 pour atteindre 90% en 2017», explique Marc Wabi, Regional Leader West Africa et Directeur Général de Deloitte Côte d’Ivoire.

Les résultats sont probants : aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, le secteur numérique représenterait entre 7 et 8% du PIB. On compte 30 millions d’abonnements téléphoniques pour une population de 26,5 millions d’habitants, et près de 17 millions d’abonnés au réseau internet.
D’autre part, le Plan Phoenix, qui visait à débloquer 130 millions d’euros en faveur des PME africaines, a permis une expansion significative du secteur privé.

On a ainsi vu le nombre de PME enregistrées doubler, passant de 30 000 à 60 000 entre 2013 et 2016, selon le site abidjan.net. Ce qui montre une diversification de l’économie du pays, une déprise de l’Etat, et un secteur privé qui s’appuie sur le développement du secteur numérique pour relayer la croissance du champion africain.

L’éducation fait aussi son virage numérique…

En 2015, une université numérique a vu le jour visant à former les nouveaux acteurs de l’économie. L’objectif est double: former au numérique et favoriser l’insertion professionnelle. Une association les rassemblant voit le jour: “Les Blogueurs et les entrepreneurs libres de l’université virtuelle de la Côte d’Ivoire” sous le diminutif Bel-Uvci. Cet institut d’enseignement supérieur permet d’assurer une formation pratique à ses diplômés, et donc d’assurer le transfert de compétences nécessaire à une progression sur le long-terme du secteur privé.

Au total, 250 000 étudiants franchissent les portes de l’université ivoirienne. Et cet effectif est en constante augmentation, nourri par 80 à 100 000 bacheliers par an.

C’est pourquoi une carte universitaire électronique a vu le jour. Multiservices, elle sert également de moyen de paiement et de carte de transport grâce à un identifiant unique, les étudiants peuvent mieux naviguer au sein du système universitaire tout en bénéficiant d’un suivi administratif fiable au sein du parcours LMD. Pour l’université, c’est un moyen de générer des statistiques et d’accroître l’efficacité des investissements dans l’enseignement supérieur.

Des indicateurs nombreux et positifs font qu’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire peut espérer un développement de son secteur privé en misant sur le domaine numérique. La Côte d’Ivoire est en bonne passe de rivaliser avec d’autres pays d’Afrique subsaharienne, tels que le Kenya, le Sénégal et le Maroc, en tête du mouvement.

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