Côte d’Ivoire : la presse occidentale n’est pas objective


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A l’occasion de la mise en ligne du site gouvernemental d’information sur la crise en Côte d’Ivoire, Alain Toussaint, conseiller du chef de l’Etat, est en colère contre la presse occidentale qu’il accuse de parti pris. Il appelle les journalistes à plus d’objectivité. Interview.

Les autorités ivoiriennes ont mis en place un site d’information pour expliquer les enjeux et la position de l’Etat sur l’insurrection militaire. Alain Toussaint, conseiller du président ivoirien, explique cette nouvelle initiative et déplore le manque d’objectivité de la presse occidentale.

Afrik : Pourquoi avoir lancé un site gouvernemental sur la situation en Côte d’Ivoire ?

Alain Toussaint : Pour installer une passerelle entre les autorités et la communauté ivoirienne à travers le monde sur les événements qui se déroulent actuellement dans le pays. Il y a un besoin d’information et une nécessité de rassurer l’opinion publique.

Afrik : Certains pourraient vous accuser de propagande…

Alain Toussaint : Il s’agit de communication de crise. Lorsqu’il y a eu les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, personne n’a mis en cause le fait que Washington ait utilisé l’outil Internet pour exprimer le point de vue du gouvernement américain. Nous ne sommes pas en guerre civile, il s’agit d’une attaque terroriste contre les institutions politiques et contre le Président Laurent Gbagbo. Sur le site, nous entendons apporter des clefs susceptibles d’éclairer l’opinion sur la crise actuelle. L’outil se justifie car il vient en complément de la presse classique pour faire entendre la voix des autorités. D’autant que la presse, notamment occidentale, n’a pas été souvent objective dans cette crise.

Afrik : Que reprochez-vous à la presse occidentale ?

Alain Toussaint : Les médias internationaux développent une vision trop simpliste du problème. Le conflit a été régulièrement présenté comme un simple affrontement entre le Nord musulman et le Sud Chrétien. Alors qu’il s’agit bien d’une tentative de coup d’Etat. L’opinion ivoirienne estime d’autre part que les médias étrangers ont un parti pris pour les rebelles.

Afrik : La presse ivoirienne est-elle toujours objective ?

Alain Toussaint : Chacun doit balayer devant sa porte. La presse aux ordres n’est pas une spécificité africaine. Nous avons rencontré jeudi dernier des responsables du Quai d’Orsay (ministère des Affaires Etrangères français, ndlr). Elles nous confiaient leurs craintes qui pèseraient sur les envoyés spéciaux en Côte d’Ivoire. Nous nous sommes inquiétés pour notre part du parti pris de la presse française. L’échange a été courtois mais ferme. Il faut éviter de créer des malentendus et inciter chacun à penser que la presse est aux ordres du pouvoir. Mais on a le sentiment que certains journalistes sont en service commandé et pas là pour couvrir objectivement les événements.

Afrik : Quelle est votre analyse de la crise ?

Alain Toussaint : Il s’agit d’un coup d’Etat qui s’est transformé en rébellion. Car les pseudos mutins sont en réalité des putschistes. Il ne s’agit pas d’une guerre civile mais de combats livrés par l’armée ivoirienne contre des rebelles appuyés par des mercenaires qui veulent s’approprier le pouvoir par la force. Des rebelles, instrumentalisés par des militaires qui officiaient sous le général Gueï, et dont les bases arrières se situent au Burkina Faso.

Afrik : Est-ce-que le conflit n’exacerbe pas la xénophobie dans le pays ?

Alain Toussaint : Il n’y a pas de problème entre les Ivoiriens et les étrangers. Certains vivent en Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies et nous ne remettons pas en cause notre héritage de terre d’accueil. Il faut prendre les réalités ivoiriennes avec plus de recul. Brandir l’ivoirité est un hold-up de la situation car on cache les vrais problèmes. Laurent Gbagbo n’a pas créé l’ivoirité. Elle existait déjà sous Houphoüet-Boigny qui parlait d’ivoirisation des cadres. Le chef de l’Etat n’a jamais cultivé la préférence nationale.

Afrik : Pour en revenir aux étrangers, le Ghana entend tout de même rapatrier ses ressortissants de Côte d’Ivoire ?

Alain Toussaint : Nous n’avons jamais été saisi officiellement de ce type de mesure.

Le site lacotedivoire.net n’est plus fonctionnel

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