Côte d’Ivoire : deux ex-chefs rebelles proches d’Alassane Ouattara inculpés


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Une vingtaine de chefs rebelles d’envergures ont été inculpés par la justice ivoirien dont certains proches du Président Alassane Ouattara, une grande première.

La fin de la justice des vainqueurs en Côte d’Ivoire ? Des informations d’abord publiées par la presse ivoirienne et confirmées notamment par RFI indiquent que d’importants chefs rebelles viennent d’être inculpés par la justice ivoirienne. Pour la première fois, à trois mois de l’élection présidentielle, certains comme Chérif Ousmane et Losseni Fofana, sont des proches du Président Alasssane Ouattara. Ces anciens membres des Forces Nouvelles ont contribué à son accession au pouvoir, au terme de leur victoire sur les combattants loyalistes fidèles à l’ancien Président Laurent Gbagbo en avril 2011.

La crédibilité de la justice ivoirienne en question

Depuis la fin de la crise post-électorale, tous les jugements des crimes commis pendant cette période de décembre 2010 à avril 2011, qui ont fait plus de 3 000 morts selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), a concerné des personnes qui avaient soutenu Laurent Gbagbo. Des proches de l’ancien Président sont également inculpés, notamment le général Georges Guiai Bi Poin.

« Inculpation ne veut pas dire culpabilité », a déclaré le ministre ivoirien de la Justice. Leur jugement sera certainement très attendu et le procès suivi de près. La justice ivoirienne avait été très critiquée, notamment au cours du jugement de l’ex-Première dame Simone Gbagbo, pour le manque de preuves apportées par l’accusation, la faible crédibilité des témoins présentés. Elle a été condamnée, en première instance, à 20 ans de prison et à payer 965 milliards de FCFA (soit 1,47 milliard d’euros) de dommages et intérêts collectivement avec ses près de 80 co-accusés.

Des « comzones » de renom

Au moment du changement de Président, Chérif Ousmane avait été nommé commandant en second du Groupe de sécurité du président de la République (GSPR), une unité d’élite. Il était perçu comme un des fidèles d’Alassane Ouattara qui l’avait jusqu’à présent toujours protégé. Alias Papa Guépard, cet ex-comzone de la « capitale des rebelles », Bouaké, a été cité dans nombre de rapports des ONG Amnesty international et Human Rigts Watch notamment, pour sa responsabilité dans plusieurs dizaines d’exécutions extrajudiciaires. Il était considéré comme un des soldats les plus efficaces des Forces Nouvelles, rébellion sous le commandement de Guillaume Soro, l’actuel président de l’Assemblée nationale, qu’il rejoint dès 2002.

Losseni Fofana, considéré comme un de ses proches, est aussi cité. Se faisant appeler « Cobra », cet ex-comzone de Man, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, a aussi été ciblé par plusieurs rapports d’ONG comme étant responsables de crimes, notamment à Duékoué où des centaines de personnes avaient été tuées, fin mars 2011, au terme d’affrontements ethniques. Deux de ses lieutenants ont été inculpés. Daouda Koné, appelé « Konda », l’ancien chef militaire de Duékoué, et Eddie Medy, l’ancien chef du secteur de Danané.

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