Côte d’Ivoire : Barakissa, 7 ans, vendue par son père et sauvée par sa mère


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Après la grande colère internationale suscitée par le scandale du travail des enfants dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire et dans certains pays africains, d’autres secteurs de l’agriculture utilisent aussi de la main d’œuvre infantile. Pas chères, muets et obéissants, les enfants sont encore nombreux dans les plantations d’hévéas en Côte d’Ivoire.

Barakissa K, 7 ans, a échappé de justesse à la servitude dans une plantation d’hévéas à Dabou, à Yra, à quelques kilomètres d’Abidjan. Elle avait été convoyée à la mi-juin dans le campement de Paul-Kro, dans le département de Dabou par son père, Jacques K, un Burkinabè d’une trentaine d’années pour, selon lui, passer des vacances avec son cousin. Vacances, qui très vite tourneront en moments d’intenses labeurs sous les plantes d’hévéas. Elle sera retrouvée et ramenée chez elle grâce à la détermination de sa mère.

En effet, Jacques K est marié à Léa Messou, une ivoirienne de 33 ans, avec qui il a trois enfants. Aziz 9 ans, Barakissa 7 ans et Alidou 4 ans. Depuis quelques temps le torchon brûle entre le couple installé à Issia dans le sud ouest de la Côte d’Ivoire. Pour baisser la pression et les scènes de ménage répétées, le couple décide de prendre du recul. La femme part de son côté à Abidjan, avec les enfants chez des parents.

Mais ce sera sans la petite Barakissa, la seule fille du couple. Le père décide de faire un petit « deal » pour remonter un peu les comptes. Il cède donc Barakissa à un bon cousin à lui, manœuvre dans une plantation d’hévéas à Dabou. Naturellement à l’insu de sa femme.

Selon sa version « officielle », la petite passera quelques semaines auprès de ce cousin pour mieux connaitre le reste de la famille, avant de rejoindre sa mère et ses autres frères à Abidjan. Pendant ce temps, le père ficèle en complicité avec son présumé cousin un plan, dont la mère ne sait jusque-là rien.

Barakissa part pour Dabou. Cependant au bout de deux mois, Léa M reste toujours sans nouvelle de sa fille. Inquiète, elle essaie d’abord de rentrer en contact avec son époux pour en savoir un peu plus sur la date d’arrivée à Abidjan de sa fille. Le père qui refuse toujours de lui dire la vérité, essaie encore et toujours de la rassurer : « Mon cousin t’appellera. Ne t’inquiète pas. Ce sont mes parents. N’insiste pas au risque de les fâcher », la rassure-t-il.

Plusieurs autres semaines passent, l’attente devient un calvaire. Et la fibre maternelle commence à se faire plus insistante. Pour en avoir le cœur net, Léa M essaie de joindre le cousin de son époux. Il reste cependant évasif sur l’arrivée de Barakissa à Abidjan.

Inquiète, elle se rend à Dabou à la recherche de sa fille. Ses recherches la mèneront dans un campement de Paul-kro à Yra à 35 km de Dabou. Arrivée sur place, elle trouvera sa fille Barakissa sous un seau de fruits d’hévéas. L’ongle du majeur de la main droite emporté sous une pierre et des cicatrices pleins les jambes, souvenirs des dures journées de travail dans la plantation. Amaigrie, mais soulagée de revoir sa mère, elle refuse de passer une nuit de plus dans ce campement.

Barakissa a eu beaucoup de chance. Ce n’est pas le cas pour des milliers d’autres enfants convoyés du Burkina, du Ghana, de la guinée vers la Côte d’Ivoire. Comme elle, Abedi, Koumana, Adepo, Cyrille, enlevés à leurs parents, à qui l’on a promis une éducation certaine, sont les employés de personnes sans scrupules. Amaigris, la mine défaite et surtout loin de l’éducation, ces enfants sont livrés au travail forcé, attendant que des mamans comme Léa s’inquiète pour eux et les retrouvent un jour.

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